La Cour pénale internationale essuie des plâtres. Il y a 48 heures, elle a acquitté définitivement l’ancien président ivoirien et son ex-chef des jeunes patriotes accusés de crimes de guerre et d’affreuses violences dans la crise postélectorale de 2010-2011.
Le 31 mars 2021, en effet, la chambre a rejeté l’appel de la procureure Fatou Bensouda et confirmé la décision prise en première instance, en janvier 2019. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont donc juridiquement innocentés et, dix ans après leur incarcération à La Haye, ils peuvent rentrer en Côte d’Ivoire.
Le paradoxe de la justice veut que les partisans de Gbagbo et de Blé Goudé laissent exploser leur joie au pays pour fêter l’acquittement définitif de leurs leaders. L’envers de la médaille veut, aussi, que les trois mille tués, en majorité ivoiriens, passent par la case pertes et profits. S’y retrouvent également fourrées les victimes de violences sexuelles ainsi que les personnes brûlées vives dans la rue.
Comment ne pas reconnaître que l’acquittement prononcé le 31 mars 2021 par la CPI laisse un goût de cendres, surtout pour ceux des Africains qui militent en faveur de la fin de l’impunité au sommet des États ? Sur le plan sociopolitique, cet acquittement interpelle car, au moment de la crise ivoirienne, Gbagbo était le commandant en chef des forces de défense et de sécurité, lesquelles sont accusées d’avoir commis d’affreux crimes.
Par ailleurs, la responsabilité de son adversaire Ouattara dans les violences ne peut être occultée. Mais ce sont leurs victimes qui sont les plus à plaindre dans ce sens qu’une amnistie a été accordée par Ouattara à tous les acteurs impliqués dans la crise, dont Gbagbo. Au final, quel tribunal indemnisera les victimes des violences politiques orchestrées par Gbagbo et Ouattara en 2010-2011 ?
Le Potentiel