Après avoir accepté, dans une spectaculaire volte-face, de ratifier le plan de relance, Donald Trump se voit menacé ce lundi par un vote du Congrès qui tente de surmonter le veto que le président a opposé au vaste budget de la défense.
Depuis cinquante-neuf ans, et en dépit des féroces batailles politiques qui s’y déroulent, les élus des deux bords s’accordent sur le budget militaire qui est traditionnellement validé dans la foulée par le président. Et ce nouveau budget de plus de 740 milliards de dollars a été adopté début décembre par le Sénat et la Chambre des représentants à des majorités écrasantes.
Le veto de Donald Trump a provoqué la consternation dans son camp
Dans ce contexte, le veto de Donald Trump, annoncé le 23 décembre, a provoqué la consternation jusque dans son camp. En plus d’être selon lui trop favorable à la Chine, le président américain reproche notamment au texte d’ouvrir la possibilité de renommer des bases militaires honorant des généraux confédérés, qui ont combattu en défense de l’esclavage durant la guerre de Sécession (1861-1865).
Négocié pendant des mois, ce texte est pourtant « absolument vital », ont mis en garde des ténors républicains. Il prévoit notamment une hausse de 3 % du salaire du personnel de défense.
La Chambre, à majorité démocrate, sera la première à voter lundi soir. Il lui faudra une majorité des deux tiers des parlementaires présents pour outrepasser le veto de Donald Trump. Le budget y avait été adopté par 335 voix contre 78. Si certains républicains ont indiqué qu’ils pourraient cette fois changer leur vote, afin de suivre le président encore très populaire auprès de leurs électeurs, il faudrait un revirement en masse pour que la Chambre échoue à surmonter son opposition.
Si elle y parvient, ce sera au tour du Sénat, à majorité républicaine, de se prononcer dans les prochains jours. Il avait adopté le budget de la défense par 84 voix contre 13.
Donald Trump est chaque jour plus seul
Par-delà les lignes partisanes, les parlementaires pourraient donc d’infliger un dur camouflet au 45e président des Etats-Unis, en contournant pour la première fois son veto. L’épisode est d’autant plus cruel qu’il souligne combien, depuis sa défaite du 3 novembre et surtout son étrange croisade pour la contester en brandissant des théories du complot, Donald Trump est chaque jour plus seul, moins influent, moins respecté. Il est encore président jusqu’au 20 janvier, mais, dans les cercles du pouvoir, sa parole ne porte plus.
Dans un étrange télescopage, le New York Post, l’un des rares journaux qui a grâce à ses yeux, a publié dimanche dans la soirée un éditorial cinglant l’appelant à mettre fin à cette « triste comédie » et à reconnaître la victoire de Joe Biden. « Nous comprenons, M. le président, que vous êtes en colère d’avoir perdu. Mais continuer sur cette voie est désastreux, peut-on y lire. Nous vous donnons ce conseil en tant que journal qui vous a soutenu : si vous voulez rester influent, voire préparer le terrain pour un retour, vous devez transformer votre colère en quelque chose de plus productif. »
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