Alors que la COP27 s’ouvre à Charm el-Cheikh, où la République démocratique du Congo (RDC) se présente à nouveau comme un « pays-solution » à la crise climatique, Greenpeace Afrique publie un rapport dénonçant l’implication de la vice-première ministre et ministre de l’Environnement Eve Bazaiba dans l’accaparement des terres dans la province de la Tshopo. Un ordre de mission signé le 16 juillet par Mme Bazaiba a mandaté une équipe pour « arracher » le consentement des communautés locales à l’attribution de leurs terres ancestrales à une société américaine spécialisée dans les projets carbone.
Il y a un an, à la veille de la COP26, Mme Bazaiba avait été contrainte de suspendre une opération similaire dans la même zone, menée illégalement par la société Tradelink , qu’elle avait également soutenue.
« En soutenant cette nouvelle arnaque forestière et toutes les irrégularités qu’elle comporte, la ministre Bazaiba a une fois de plus démontré son mépris pour la loi congolaise, la société civile et les droits des communautés locales dans sa propre circonscription électorale de Basoko », a déclaré Irene Wabiwa, Greenpeace,Chef de campagne pour les forêts du bassin du Congo en Afrique.
Le scandale Tradelink impliquait une société de courtage qui, en septembre 2020, s’est vu attribuer illégalement six soi-disant «concessions de conservation forestière» de la moitié de la taille de la Belgique. Deux d’entre eux se trouvaient dans la province de la Tshopo.
En juillet 2022, les communautés du territoire de Basoko ont reçu la visite inattendue d’une nouvelle équipe d’entrepreneurs carbone escortés par le ministère de l’Environnement, porteurs de promesses d’investissements massifs dans les infrastructures locales. L’une des deux concessions visitées par ERA-Congo, filiale de Wildlife Works, est l’ancienne concession Tradelink n°14.
« Mme. Bazaiba semble avoir pris l’initiative de céder purement et simplement la concession à une autre société sans l’avoir définitivement annulée. Greenpeace Afrique appelle le président, Félix Tshisekedi, à ordonner une enquête urgente pour établir les responsabilités de tous ceux, dont le ministre Bazaiba, impliqués dans cette affaire et mettre fin à l’impunité des criminels environnementaux », a conclu Irene Wabiwa.
L’épisode en dit long sur la véritable attitude du gouvernement envers les Congolais qui seront sur la ligne de mire contre l’industrie si et quand le moratoire sur les nouvelles concessions forestières est levé. Ce sera probablement plus tôt que tard, grâce au feu vert à sa levée que les donateurs ont donné il y a un an lors de la COP26 à Glasgow.
GreenPeace Afrique
Lire le rapport de Greenpeace