La forêt tropicale congolaise est désormais le « premier poumon » de la planète

forêt dense

Selon des chercheurs de l’UGent, la forêt tropicale du bassin du Congo est devenue le « premier poumon » de la planète. Cela signifie que cette forêt est le site de stockage de dioxyde de carbone (CO2) le plus important au monde. Précédemment, c’est dans la forêt amazonienne, que se trouvait le « premier poumon ».

La photosynthèse est le processus qui permet aux végétaux, grâce à la lumière solaire, de transformer le CO2 en oxygène et en énergie. Pour étudier quelle quantité de CO2 (un gaz à effet de serre) la forêt peut absorber, ces scientifiques ont installé, il y a quelques années, à Yangambi dans le bassin du fleuve Congo une « tour climatique » (ou « tour à flux ») de 57 mètres de haut, qui dépasse la canopée d’une vingtaine de mètres.

Au sommet de cette tour ont été placés des instruments qui mesurent un certain nombre d’indicateurs dont le taux de CO2 et l’humidité dans l’air, cela permet de mesurer l’échange net de dioxyde de carbone entre la forêt et l’atmosphère, sur une surface d’environ 30 hectares, explique à la VRT le professeur Pascal Boeckx de l’UGent.

En effet, si les arbres absorbent du CO2, ils en produisent aussi par le tronc et le sol. Et c’est le résultat net de ces échanges qu’il faut obtenir. « Nos calculs ne sont pas encore définitifs, mais nous sommes actuellement à environ 5 tonnes de CO2 par hectare et par an, indique Pascal Boeckx, c’est presque deux fois plus que dans une forêt belge. Et c’est même plus que le CO2 absorbé dans la forêt amazonienne« . Ce qui fait dire au chercheur que le bassin du Congo n’est plus le deuxième, mais désormais le premier poumon de la planète.

Au sommet de la tour sont placés différents instruments de mesure.
Au sommet de la tour sont placés différents instruments de mesure. © Fiston Wasanga/CIFOR

Ce projet est mené en collaboration avec le Centre pour la recherche forestière internationale (Cifor) et l’École congolaise régionale post-universitaire d’aménagement et de gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux (ERAIFT). La tour climatique mesure aussi les niveaux de méthane et de protoxyde d’azote, deux autres gaz à effet de serre qui renforcent le réchauffement climatique.

Partout dans le monde, des scientifiques mesurent la capacité d’absorption de la végétation grâce à plusieurs centaines de tours de ce type afin de mieux comprendre l’impact du changement climatique. Le site Fluxnet recense sur une carte la localisation de ces tours.

Selon des chercheurs de l’UGent, la forêt tropicale du bassin du Congo est devenue le "premier poumon" de la planète.
Selon des chercheurs de l’UGent, la forêt tropicale du bassin du Congo est devenue le « premier poumon » de la planète. © Getty Images

Avec 220 millions d’hectares de végétaux répartis à travers plusieurs pays (République démocratique du Congo, Congo-Brazzaville et Gabon), la forêt du bassin du Congo est le deuxième massif forestier et écologique de la planète. Ce sont malheureusement quelquefois les communautés villageoises qui vivent et dépendent de la forêt qui la menacent par la surexploitation ou en pratiquant l’agriculture sur brûlis (défricher par le feu afin de préparer le sol pour de nouvelles plantations). Un sommet mondial pour trouver des fonds afin de protéger les forêts tropicales s’est tenu début mars au Gabon.

Des projets existent afin de protéger la forêt d’une trop grande exploitation. C’est ainsi qu’à Kisangani, en RDC, sont formés les futurs spécialistes gestionnaires des ressources forestières. Il s’agit par exemple de miser sur l’agroforesterie en formant les communautés locales à planter certaines essences à croissance rapide qui fertilisent les sols, à opérer des cycles de récolte, à se passer de tracteur pour labourer ou encore à planter des arbres appréciés par les abeilles afin de favoriser la pollinisation.

RTBF

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