Depuis que Félix Tshisekedi a pris la présidence du Congo en 2019, les relations du gouvernement avec Gertler se sont refroidies.Non seulement Tshisekedi s’est donné pour priorité de reprendre deux blocs pétroliers détenus par les sociétés de Gertler le long de la frontière avec l’Ouganda, qui pourraient valoir des milliards mais aussi le président congolais a cherché à « neutraliser » Joseph Kabila via Gertler, son financier.
Une offensive diplomatique, juridique et stratégique avait été lancée par Félix Tshisekedi pour se débarrasser du financier de Kabila et de Benjamin Netanyahu, l’ex-premier ministre israélien aujourd’hui opposant de Naftali Bennett.
Notons que l’actuel premier ministre israélien Bennett et le président congolais partagent un seul « dénominateur commun » qui est « de neutraliser » leurs « rivaux » via le milliardaire israélien Dan Gertler à savoir Kabila (RDC) et Benjamin Netanyahu (Israël).
Benyamin Netanyahu, alors premier ministre israélien avait fait le lobbying de Dan Gertler « financier du parti Likoud » auprès de l ‘administration Trump pour que les sanctions américaines soient levées.
Cohen n’avait pas informé au préalable le président congolais Félix Tshisekedi de ses rencontres avec Kabila, selon deux des assistants du président. Lorsque Tshisekedi a découvert qu’il avait vu Kabila, il s’était plaint auprès de Cohen et lui avait dit qu’il n’était plus le bienvenu pour continuer à avoir de telles réunions au Congo.
Gertler était venu au Congo pour vendre des diamants à la fin des années 1990, alors que le pays était en guerre. Il a noué des liens étroits avec Joseph Kabila, qui a été président de 2001 à 2019. Ses activités se sont rapidement étendues au cuivre, au cobalt, au pétrole, à l’or et à d’autres minéraux, s’associant souvent à des géants miniers comme Glencore. Mais sa relation avec Kabila a attiré l’attention des groupes anti-corruption, qui l’ont accusé de payer des pots-de-vin et de voler de l’argent à l’un des pays les plus pauvres du monde. Il nie toutes les accusations.
Les États-Unis ont sanctionné Gertler en décembre 2017 en partie pour forcer Kabila à quitter le pouvoir après avoir reporté les élections prévues. Le département du Trésor a étendu les mesures contre les sociétés et associés de Gertler à deux reprises, y compris en décembre de l’année dernière.
Dan Gertler s’est plié face au « béton » Tshisekedi et signe un accord
Pour contrer l’offensive d’envergure menée par Kinshasa à son encontre, le magnat minier Dan Gertler a conclu avec la RDC un compromis financier pour solde de tout compte. A terme, l’homme d’affaires espère que ce règlement l’aidera à mettre fin aux sanctions américaines qui le visent.
Le gouvernement congolais a tenu un point presse détaillant le contenu de l’accord global conclu avec le milliardaire israélien. Ce document met un terme à l’offensive judiciaire menée tambour battant depuis plusieurs mois par l’administration de Félix Tshisekedi contre les intérêts de l’homme d’affaires en RDC.
Cet abandon des poursuites concerne tout particulièrement le dossier sur les sociétés Caprikat et Foxwhelp, appartenant à Dan Gertler. Considérant que ce dernier n’a jamais honoré ses engagements contractuels lorsqu’il administrait deux blocs pétroliers dans la zone du Graben Albertine, Kinshasa avait initié contre lui en novembre une demande d’arbitrage devant la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris. Celle-ci, qui en était encore à ses prémices, aurait pu déboucher sur une demande de dédommagement de plusieurs centaines de millions de dollars.
Les négociations pour » un arrangement à l’amiable »
Le 25 janvier, un Gulfstream IV appartenant à l’homme d’affaires Ehud Angel a quitté Tel Aviv pour Kinshasa. Le même avion, souvent prêté par son propriétaire à l’ancien premier ministre Benjamin Netanyahu, proche de Dan Gertler, s’est ensuite rendu à New York le 6 février. L’opinion de l’administration américaine, qui a sanctionné Dan Gertler pour ses opérations minières en RDC et soutient activement le régime de Félix Tshisekedi, est une variable importante de l’accord. L’appareil est ensuite revenu à Kinshasa, via Paris, le 10 février, et n’est resté que quelques heures en RDC. Dan Gertler était dans le Gulfstream sur l’un de ces trois vols, auxquels ont également participé certains de ses conseils juridiques.
En échange de la fin des poursuites, l’accord prévoit que Dan Gertler rétrocède à l’Etat congolais l’ensemble de ses actifs miniers et pétroliers dans le pays, qui ont été évalués à plus de 2 milliards de dollars. A cela s’ajoute, selon le gouvernement congolais, le versement au Trésor public « d’une partie substantielle des royalties de Kamoto Copper Co [KCC, la filiale locale du trader suisse Glencore, NDLR], qui lui ont été cédés ». Selon une source proche du dossier, le montant de ces royalties s’élève à environ 280 millions de dollars.
Coco Kabwika via Africa Intelligence