Gertler n’a  plus les mêmes moyens  pour soutenir son ami « intime »Joseph Kabila face a F. Tshisekedi

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L’ère Benjamin Netanyahu et  Yossi Cohen finie en Israël, Gertler n’a  plus les mêmes moyens  pour soutenir son ami Joseph Kabila. Ce dernier ne peut compter que sur  le maître du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa.

Ciblé par l’administration Biden et privé de ses protecteurs à Tel Aviv, l’homme d’affaires israélien Dan Gertler reste néanmoins un acteur que l’administration Tshisekedi hésite à bousculer.

Les sociétés pétrolières Caprikat et Foxwhelp de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler ont beau ne plus avoir de contrats d’exploration dans l’onshore congolais depuis juin 2021, le réseau de cet intime de l’ancien président Joseph Kabila continue d’impressionner la présidence, qui le traite avec ménagement. Ayant arraché en 2019 une énième extension de leurs droits sur les blocs 1 et 2, idéalement situés sur le pourtour du lac Albert dont la partie ougandaise est riche en brut, Caprikat et Foxwhelp n’ont pas vu leur contrat renouvelé, le code des hydrocarbures l’interdisant. Cependant, Gertler maintient la pression sur le gouvernement congolais via ses avocats en RDC, et tout particulièrement sur le ministère des hydrocarbures dirigé depuis quelques mois par Didier Budimbu afin d’obtenir à nouveau des droits sur des permis sur lesquels pas le moindre forage n’a été effectué, après onze ans d’exploration.

Gertler démonétisé à Tel Aviv mais pas encore à Kinshasa

Plusieurs proches du président congolais Félix Tshisekedi demeurent convaincus que Gertler (terré dans son fief ultraorthodoxe de Bnei Brak près de Tel Aviv) peut encore mobiliser son réseau israélien en vue de nuire à la RDC, et ce bien que le tandem acquis à la cause de l’homme d’affaires, à savoir l’ancien premier ministre Benjamin Netanyahu et son directeur du Mossad, Yossi Cohen, ne soit plus aux affaires à Tel Aviv. Ils préfèrent donc jouer la prudence avec les blocs 1 et 2, hésitant même à les remettre officiellement sur le marché. En effet, Gertler a toujours entretenu d’excellents rapports avec le puissant maître espion de l’ère Benjamin Netanyahou, Yossi Cohen (patron du Mossad de 2016 à 2021 après avoir été numéro 2 de 2011 à 2013 et National Security Adviser de 2013 à 2016). Comme nous l’avions révélé , Cohen avait effectué en 2019 trois visites à Kinshasa en moins de six mois, afin de rencontrer Kabila. Lors de chacun de ses séjours, il s’était également entretenu avec Gertler. Les deux hommes avaient même rencontré en juin 2019, ensemble, le président Tshisekedi.

Par ailleurs, dans les mines, secteur d’activité originel de Gertler et via lequel il est arrivé en RDC, l’homme d’affaires conserve des intérêts, et surtout des alliés de taille. Ainsi, le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), Albert Yuma, qui est extrêmement proche de Kabila, reste le président de la société publique Gécamines, où le poste de directeur général n’a pas été remplacé depuis que Sama Lukonde Kyenge a été nommé premier ministre de Tshisekedi en début d’année.

Mais la donne a récemment changé : Yossi Cohen a été écarté de la tête des services de renseignement extérieurs en juin 2021 au profit de David Barnea dès l’arrivée du nouveau premier ministre israélien Naftali Bennett. Gertler n’a ainsi plus les mêmes moyens qu’auparavant à sa disposition pour soutenir son ami Joseph Kabila. Ce dernier est amer d’avoir perdu la plupart des leviers du pouvoir à la faveur d’une union sacrée des députés et sénateurs, qui a donné la majorité parlementaire à son successeur fin 2020. Kabila dispose par ailleurs de moins en moins de relais en vue de déstabiliser l’actuel président Tshisekedi. De plus, au niveau régional, le nombre de soutiens de Kabila se réduit comme peau de chagrin. Le président zambien Edgar Lungu a par exemple perdu le pouvoir en août face à son opposant Hakainde Hichilema. Ainsi, l’ancien président ne peut plus compter que sur sa proximité avec le maître du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa.

L’épouvantail Zingman

Les craintes de la présidence à Kinshasa ont été ravivées alors que des hommes d’affaires proches de Kabila se sont récemment mobilisés pour lui faire rencontrer des Israéliens actifs dans le secteur de la sécurité . La crainte de l’influence de certains réseaux en Israël et en RDC s’est par exemple illustrée en mars 2021, lors de l’interpellation de l’intermédiaire biélorusse Alexander Zingman, interrogé pendant plus de dix jours par l’Agence nationale de renseignement (ANR) congolaise après sa descente d’avion à Lubumbashi.

Zingman, qui est actuellement à Moscou, a notamment organisé des réunions entre Kabila et des Israéliens du secteur sécurité défense à Abou Dhabi, et a également accompagné Kabila en Zambie et au Zimbabwe. Le Biélorusse, également détenteur de la nationalité américaine, a toujours nié avoir le moindre rôle auprès de Kabila. Zingman a toujours fait valoir que le seul objet de ses entretiens avec Kabila était le secteur agricole. Le businessman représente la firme biélorusse Aftrade DMCC.

Africa Intelligence

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