L’échec de la Monusco en RDC là où l’armée rwandaise pouvait réussir
Dans un entretien exclusif accordé à France 24 et RFI lors d’une visite à Paris lundi, le président rwandais Paul Kagame est revenu sur quelques questions en relation avec la République Démocratique du Congo.
Interrogé au sujet de l’état de siège décrété dans une des provinces frontalières avec le Rwanda, le Président Kagame dit que « mettre en place l’état de siège, pour ma part, je le ferai, mais je ferai suivre ça par des actions bien réfléchies et planifiées pour traiter les choses de façon concrète«
Le président rwandais évoque également les violences en cours en République démocratique du Congo voisine et n’exclut pas la possibilité d’opérations militaires conjointes avec Kinshasa.
« La MONUSCO est un grand échec, si nous étions en RDC, il n’y aurait pas d’échec » dixit le patron du Front Patriotique Rwandais . Pour Kagame , l’armée rwandaise pouvait bien réussir à stabiliser l ‘est du Congo au lieu de dépenser des milliards de dollars pour la Mission d’ observation et de stabilisation du Congo des Nations unies qui n’a rien fait pendant plus au moins deux décennies en RDC. Le président rwandais est hanté par le fiasco de la Mission des Nations unies au Rwanda qui n’a pas pu arrêter le génocide rwandais. Paul Kagame n’a pourtant pas exclu la possibilité « d’opérations militaires conjointes avec la RDC pour résoudre la question des milices à l’ est du Congo ».
Kagame, un protecteur constant de Touadéra
Paul Kagame s’est fortement impliqué dans la recherche de la paix en Centrafrique qui avait jadis accueilli de nombreux réfugiés rwandais. En revanche, ses relations avec l’ex- président Bozize étaient loin d’être aussi bonnes.
Entre Kagame et Bozize, rien n’allait!
Il est loin le temps où l’ancien président Bozize avait pris comme conseiller Fabien Singaye. Ce Hutu rwandais était très proche de la famille et du président Juvénal Habyarimana, qui décéda dans l’attentat du 6 avril 1994, point de départ du génocide qui fit plusieurs centaines de milliers de morts.
Le sulfureux Fabien Singaye fut aussi un interprète engagé du juge français Jean-Louis Bruguière qui enquêta sur le drame du 6 avril 1994 et qui mit en cause le Front patriotique rwandais de Paul Kagame. Gendre de Félicien Kabuga, surnommé le « financier du génocide » toujours recherché par la justice internationale, Fabien Singaye, basé à Genève, avait comme tant d’autres un passeport diplomatique centrafricain qui attend aujourd’hui son renouvellement. Évidemment Faustin-Archange Touadera, ancien premier ministre de l’ex-président Bozize connaît bien Fabien Singaye mais évite de le rencontrer en public, lors de ses voyages à Genève ou à Bruxelles, car il est désormais beaucoup trop compromettant.
La présence de Fabien Singaye aux côtés de François Bozize avait été très peu appréciée par Paul Kagame. La réplique ne tarda pas avec la constitution de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement ( UFDR) de Michel Djotodia, à Kigali le 14 septembre 2006. On connaît la suite avec le renversement de Bozize par l’ex-Seleka, le 23 mars 2013. Le président Touadera n’a pas la mémoire courte.
Le président centrafricain est très reconnaissant envers son homologue rwandais. Il le rencontre plusieurs fois par an, au gré des rencontres internationales comme dernièrement à New York. Il avait fait le déplacement de Kigali, en juillet 2019, pour le 25 ème anniversaire de la création du régime rwandais actuel.
Des l’élection de Faustin-Archange Touadera, Paul Kagame a immédiatement apporté son aide, notamment dans un premier temps dans le domaine sécuritaire.Après le départ de Sangaris et avant la présence de mercenaires russes, ce furent des militaires rwandais qui assuraient sa protection. Plusieurs centaines de militaires rwandais font actuellement partie de la MINUSCA et agissent avec un grand professionnalisme, loué par la population.
Le Rwanda est un exemple pour de très nombreux Centrafricains et Paul Kagame y est probablement le chef d’État le plus apprécié.
Kagame, le sauveur de Total au Mozambique?
Le président rwandais a envoyé ses militaires pour sonder la capacité de son armée à épauler le Mozambique dans sa lutte contre les mouvements islamistes au Cabo Delgado.
Le voyage n’a jamais été rendu public, et pour cause : selon nos sources, une trentaine de gradés rwandais se sont rendus du 7 au 9 mai à Pemba, capitale de la province mozambicaine du Cabo Delgado. Les militaires ont notamment pu s’entretenir avec leurs homologues mozambicains sur la situation sécuritaire très dégradée de la région : le groupe insurrectionnel djihadiste autoproclamé a contraint Total à stopper pour une période indéterminée le plus gros projet GNL du continent (25 milliards de dollars) en décembre 2020.
Cette visite fait suite à la rencontre express entre le président Filipe Nyusi et son homologue Paul Kagamé à Kigali, le 28 avril. Nyusi était parti de l’aéroport de Pemba pour quelques heures avant de revenir dans l’après-midi. Quasiment aucun élément de l’entretien entre les deux chefs d’Etat n’avait filtré.
Méfiance avec la SADC ?
Nyusi se méfie de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe), et surtout de l’Afrique du Sud, pour résoudre la crise sécuritaire du Cabo Delgado. Il n’a toujours pas clairement fait savoir à ses homologues de la région ce qu’il était prêt à accepter comme aide en la matière. Nyusi craint plus que tout que l’éventuel déploiement de soldats de la SADC ne mette à nu l’état de déliquescence de l’armée et des renseignements militaires de son pays. L’option rwandaise permettrait de traiter de manière plus discrète le problème en sous-traitant la remise à niveau de l’armée mozambicaine et en maintenant une zone tampon autour de la péninsule d’Afungi, dans laquelle la sécurité serait optimale en vue de reprendre les travaux sur le GNL.
Largement échaudée par l’attaque à Palma du 24 mars qui a causé la mort de plusieurs dizaines de personnes, la major Total n’a pas donné le moindre calendrier sur un éventuel retour.
Analyse kanku Mbala avec condensé des articles Africa Intelligence, France 24 et autres
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