La guerre en Ukraine fait bondir l’inflation aux États-Unis

L’inflation a continué son ascension en février aux États-Unis, et est désormais au plus haut depuis 40 ans, la flambée du prix de l’essence à cause de la guerre en Ukraine s’ajoutant aux problèmes persistants d’approvisionnement, compliquant encore la tâche pour la Maison Blanche.

L’inflation s’est élevée en février à 7,9% sur un an, selon l’indice des prix à la consommation (CPI) publié jeudi par le département du Travail.

Il s’agit de la plus forte hausse des prix annuelle depuis janvier 1982.

« La guerre russo-ukrainienne alimente encore le taux d’inflation fulgurant via une augmentation des prix de l’énergie, de la nourriture et des matières premières de base », analyse Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour Oxford Economics.

Par rapport à janvier, l’inflation s’est également accélérée, comme attendu, à 0,8% contre 0,6%. Cette hausse est principalement due au bond des prix de l’essence : ils comptent pour presque le tiers de cette accélération, et grimpent de 6,6% par rapport à janvier.

« La Russie est le troisième plus grand producteur de pétrole au monde, (derrière) l’Arabie saoudite et les États-Unis », explique Diane Swonk, cheffe économiste pour Grant Thornton. « Même si nous ne leur achetons pas beaucoup, les prix du pétrole sont fixés en fonction de l’offre et de la demande mondiales ».

Embargo américain

Les produits alimentaires ont connu sur un an leur plus forte augmentation des prix depuis 1981 (+7,9%).

Et sur le seul mois de février, le bond est de 1%, en raison là aussi du conflit en Europe : « le pétrole augmente le coût de l’énergie, des aliments pour animaux et des engrais, tandis que l’Ukraine est l’un des plus grands producteurs de céréales au monde », souligne l’économiste.

Et la hausse ne fait que commencer, avertit-elle, puisqu’à cause de la guerre, « bon nombre de ces cultures ne seront pas semées cette année ».

Kathy Bostjancic, de son coté, anticipe « un pic d’inflation plus élevé à court terme et un ralentissement en 2022 plus lent que prévu ». Elle table ainsi sur une inflation « de près de 6,5% en moyenne en 2022 après une hausse de 4,7% en 2021 ».

Les prix de l’essence devraient continuer à grimper en mars, puisque le prix du baril se rapproche de son record absolu de 2008.

Le président Joe Biden a annoncé mardi un embargo sur les importations américaines de pétrole et de gaz russes, et la ministre américaine de l’Énergie, Jennifer Granholm, a demandé mercredi aux compagnies pétrolières du pays de produire davantage de pétrole pour soulager le marché, et donc les prix.

Voitures d’occasion

Hors prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, l’inflation dite sous-jacente a ralenti en février par rapport à janvier (0,5% contre 0,6%). Le prix des logements est « de loin le facteur le plus important de l’augmentation », précise le département du Travail.

Sur un an, cette inflation sous-jacente est de 6,4%, au plus haut depuis août 1982.

En revanche, les prix des voitures d’occasion, qui ont augmenté de 41,2% depuis février 2021, ont, sur un mois, enregistré un petit recul (-0,2%), le premier depuis le mois de septembre.

Pour l’opposition républicaine, cependant, la politique économique du président démocrate est responsable de cette envolée continue des prix.

« Comme on pouvait s’y attendre, la frénésie des dépenses imprudentes à Washington a suralimenté l’inflation à un nouveau sommet depuis 40 ans », a ainsi twitté le chef de file des conservateurs à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy.

La Maison Blanche a fait de la lutte contre l’inflation l’une de ses priorités.

Les yeux se tournent désormais vers la banque centrale américaine, la Fed, qui tiendra mardi et mercredi sa réunion régulière de politique monétaire, au cours de laquelle elle devrait décider de commencer à relever les taux directeurs qui avaient abaissés il y a deux ans. Cela doit renchérir le coût du crédit, et ralentir la demande, et donc la pression sur les prix.

VOA

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