Mining Co of Katanga (MCK), la société de Moïse Katumbi, réclame 158 millions $ à la compagnie australienne MMG.
Les ONG, meilleures alliées de Moïse Katumbi dans ses conflits miniers. Plusieurs ONG congolaises ayant récemment dénoncé le biais de la justice congolaise au profit du producteur de cuivre MMG dans son litige contre une société de l’opposant politique et homme d’affaires Moïse Katumbi sont elles-mêmes plutôt partisanes de ce dernier.
MCK, la société de l’homme d’affaires Moïse Katumbi, réclame 158 millions $ à la junior australienne MMG.
Fin juin, dans son communiqué condamnant l’ingérence du ministre de la justice de RDC Célestin Tunda Ya Kasende (qui a depuis démissionné) dans les affaires du secteur censé être indépendant dont il a la tutelle, l’ONG congolaise JUSTICIA Asbl a rappelé que ceci avait été particulièrement perceptible sur l’affaire MMG vs. Mining Co of Katanga (MCK). JUSTICIA Asbl affirme que le ministre a poussé les magistrats à rendre des décisions en faveur de MMG. Cette société australienne opérant la mine de cuivre de Kinsevere à Lubumbashi est accusée par MCK, groupe détenu par l’opposant Moïse Katumbi, d’avoir indûment rompu son contrat de sous-traitance avec lui. En dédommagement, MCK réclame 158 millions $.
Le communiqué suivait de quelques jours un « rapport conjoint d’investigation » daté du 18 juin sur cette même affaire, préparé par JUSTICIA Asbl ainsi que deux autres ONG, la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (Licoco) et Humanisme et droits humains (HDH). Le texte dénonçait les « interférences et trafics d’influence sollicités par la société MMG Kinsevere dans le litige l’opposant en justice à la société MCK ». Le 4 juin, Ernest Mpararo, secrétaire exécutif de Licoco, avait déjà publié un texte demandant que justice soit faite sur ce dossier. Mi-avril, l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) avait elle aussi soupçonné MMG de tentative de corruption des tribunaux.
Proximité ?
Ce n’est pas la première fois que ces ONG s’expriment au sujet de dossiers concernant Moïse Katumbi, et plutôt en sa faveur. Timothée Mbuya, président de JUSTICIA Asbl, avait ainsi appelé l’an dernier le nouveau chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, à garantir la bonne administration de la justice, citant en exemple de mauvaise gouvernance les problèmes de passeports appartenant à des proches de l’opposant politique congolais. Par ailleurs, dans sa missive du 4 juin, Ernest Mpararo évoquait en filigrane une autre affaire impliquant MCK, celle l’opposant à NB Mining Africa du Français Pascal Beveraggi . Ernest Mpararo dénonçait ainsi le fait que MMG justifie avoir rompu le contrat avec MCK car la société avait été cédée en 2015 à Necotrans (dont les actifs ont ensuite été repris par NB Mining Africa), alors qu’en fait c’est une autre entité de Moïse Katumbi, MCK Trucks, qui lui a été vendue. Un tel niveau de précision sur le dossier et un tel suivi par les médias font dire à certains observateurs que ces ONG, comme les journalistes, sont alimentés en informations par le clan Katumbi.
Le sport aussi
Au-delà de la société civile et médiatique, les différends entre Moïse Katumbi et ses adversaires, tout particulièrement contre Pascal Beveraggi, le DG de NB Mining Africa, ont été relayés par les supporters des clubs de football de Lubumbashi qu’ils dirigent : le Tout Puissant Mazembe pour l’opposant congolais et le FC Saint-Eloi Lupopo pour l’homme d’affaires français.
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