Nicolas Kazadi, nouveau ministre des finances et « neveu » du fondateur de Dig Oil, Nozi Mwamba (AI)

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Actionnaire de référence de la petite firme sud-africaine Dig Oil, le Congolais Nozi Mwamba s’est appuyé sur plusieurs conseillers de Félix Tshisekedi pour négocier un accord avec l’Etat. L’un de ses plus chauds partisans, Nicolas Kazadi, n’est autre que son neveu. Il vient d’être nommé ministre des finances.

Nommé le 12 avril ministre des finances dans le gouvernement de Sama Lukonde Kyenge, l’ex-ambassadeur itinérant de Félix Tshisekedi, Nicolas Kazadi, aura-t-il autorité sur le litige qui oppose depuis plusieurs années le gouvernement congolais au pétrolier sud-africain Dig Oil ? Lorsqu’il conseillait le chef d’Etat, Kazadi militait déjà activement pour une solution négociée avec le pétrolier sud-africain, qui a fait condamner en 2018 la RDC à l’indemniser à hauteur de 617 millions de dollars pour lui avoir retiré le bloc 1 au profit de Caprikat et Foxwhelp (appartenant à l’homme d’affaires israélien proche de Joseph Kabila, Dan Gertler).

La galaxie du Kasaï derrière Dig Oil

Homme politique originaire de l’ancienne province du Kasaï, Kazadi a fait publier dans la presse congolaise un mémorandum détaillant son implication dans la négociation d’un « acte transactionnel » avec Dig Oil, qui fait passer le montant des indemnisations dues au pétrolier de 617 à 300 millions de dollars et octroie un nouveau permis au groupe sud-africain. En outre, les négociateurs de la RDC se sont engagés à payer 8 millions de dollars à Dig Oil en gage « de bonne volonté ». Ce mémorandum, opportunément publié durant la période de formation du nouveau gouvernement, passe cependant sous silence les liens personnels de Kazadi avec Nozi Mwamba, fondateur et actionnaire de référence de Dig Oil aux côtés de la femme d’affaires sud-africaine Andrea Brown.

Nozi est le cousin germain du père de Nicolas Kazadi, Jacques Kazadi, décédé en 2020 après une longue carrière universitaire puis politique dans le Mouvement populaire de la révolution de Mobutu Sese Seko. Vivant depuis plusieurs décennies à Johannesburg, Nozi Mwamba n’est pas pour autant dépaysé lorsqu’il revient à Kinshasa. Outre Kazadi, il parvient à rencontrer de temps en temps un autre éminent kasaïen : le président congolais Félix Tshisekedi.

Mwamba a un passé judiciaire assez chargé. En 2010, il a été condamné par un tribunal de Bruxelles à six ans de prison pour son implication dans un réseau de fabrication de faux billets de 20 dinars bahreïnis en Argentine, pour une valeur de 322 millions d’euros.

Nozi efficace dans l’ombre

Le 20 août 2019, Nozi avait invité en Afrique du Sud une dizaine de cadres du ministère congolais des hydrocarbures afin de leur faire avaliser une énième extension du bloc 3 (à la frontière avec le Rwanda) pour Dig Oil. Jusqu’alors opératrice de ce permis, la major française Total a finalement décidé de lâcher ses parts au vu des difficultés d’accès des opérations, des enjeux écologiques (réserves protégées), des défis de transport du brut en cas de découverte (l’enclavement est total) ainsi que du fait d’un climat politique particulièrement confus à Kinshasa.

Dans l’arbitrage de la CCI à Paris, Nozi est parvenu à faire condamner la RDC en capitalisant sur l’impréparation de la partie adverse, qui n’a pas été en mesure de produire les documents qui auraient pu battre en brèche la position de Dig Oil. Sur le bloc 1 du lac Albert, le premier ministre Adolphe Muzito avait accepté une compensation entre le bonus payé par Dig Oil sur ce permis et d’autres obligations fiscales sur d’autres permis de la Cuvette centrale. D’autre part, l’absence de signature du décret présidentiel sur les trois blocs de la Cuvette centrale est difficilement poursuivable, les lois congolaises précisant que ces décrets sont « à la discrétion » du chef de l’Etat, ce qui implique qu’il peut décider de signer ou non sans avoir à se justifier. Enfin, un contrat pétrolier signé de la main d’un ministre – en l’occurrence de Lambert Mende Omalanga pour ce qui concerne ceux de Dig Oil – n’a aucune valeur juridique tant qu’un décret présidentiel n’est pas paraphé.

Africa Intelligence

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