La course à la présidence de la Ceni (Commission Electorale Nationale Indépendante) vient d’offrir à la communauté nationale une piteuse image des compatriotes qui revendiquent le statut de serviteurs de Dieu. En effet, à cause des avantages matériels et honneurs liés à la fonction, ils ont du mal à accorder leurs violons. Dans cette descente aux enfers du monde religieux congolais, les délégués des églises catholique et protestante sont décevants sur la toute la ligne.
Car, à l’image des politiciens souvent mus plus par la recherche de l’enrichissement sans cause que par l’intérêt général, ils sont occupés à balancer leurs « linges sales » dans la rue, sur fond d’accusations croisées de corruption. Qui aurait cru que sous des dehors de créatures sans taches, nos prélats, abbés, révérends, bishops, et autres imams allaient se rentrer dedans, comme des chiffonniers?
Même si Denis Kadima, le favori des « six confessions » religieuses majoritaires au sein de la sous-composante, devait diviser au point de donner naissance à deux camps diamétralement opposés, le commun de Congolais était loin de penser que l’argent en serait la cause profonde. Qui a corrompu qui ? Telle est la question à laquelle aucun des protagonistes n’ose apporter des réponses claires. Pourquoi nos religieux n’expliquent-il pas clairement, dans le détail, ce qui se serait réellement passé au Centre Interdiocésain, où les participants étaient mis sous écoute, où à l’Hôtel du Fleuve, où seraient internés certains ténors du groupe des « 6 » ?
On aurait aimé, pour l’édification générale du peuple congolais, que ceux qui soutiennent détenir des vérités sur les dessous des cartes puissent fixer les esprits, en mettant sur la table des noms des corrupteurs et corrompus, chiffres à l’appui.
On se demande, à l’analyse, si les délégués des églises catholique et protestante ne seraient pas de mauvais perdants dans la bataille pour le contrôle de la Ceni. On se souvient que dans le passé, ce sont les « six confessions religieuses » marraines de la candidature de Denis Kadima qui avaient plébiscité celles de feu l’abbé Apollinaire Malumalu à deux reprises, de Daniel Ngoy Mulunda et de Corneille Nangaa. Celle de Ronsard Malonda aurait également été validée n’eut été la tricherie décelée au tout dernier moment dans le chef du révérend Kapalayi, représentant de l’Eglise Kimbanguiste, qui avait présenté le précité comme le candidat de cette confession religieuse alors que tel n’était pas le cas.
Rappelons aussi qu’à deux reprises, l’Eglise catholique avait tenté de bloquer la candidature de feu l’abbé Malumalu, sans aller jusqu’à bloquer le processus de son investiture. Quant à l’église protestante, elle a toujours laissé passer, comme une lettre à la poste, les candidats à la présidence de la Ceni, une fois les votes des « six » acquis à ce dernier. D’où l’on s’interroge sur les mobiles profonds de leur agitation face à Denis Kadima, choisi comme d’habitude, par le camp majoritaire des confessions religieuses.
Compte tenu de la haine que se vouent les différents serviteurs de Dieu dans le processus de désignation du futur président de cette institution d’appui à la démocratie, les vrais patriotes invitent l’Assemblée nationale à reprendre le dossier en mains et à faire triompher le bon sens. Le pays a suffisamment souffert de sa prise en otage par ceux qui auraient dû montrer le chemin de la vérité et de la transparence à tous.
Kimp/Lephare