Les présidents congolais et ougandais Félix Tshisekedi et Yoweri Museveni se sont rencontrés, mercredi 16 juin, à la frontière entre la RDC et l’Ouganda. Les deux chefs d’État ont présidé le lancement des travaux de construction pour la modernisation des routes Mpondwe-Kasindi-Beni, Beni-Butembo et Bunangana-Rutshuru-Goma. Il s’agit d’une route d’une grande importance économique surtout en termes d’échanges commerciaux pour Kampala et Kinshasa. Le projet destiné à ouvrir la RDC la voie à l’Afrique de l’Est et à l’océan indien, a connu un coup d’accélérateur au mois de mai 2021 avec les signatures des accords politiques et techniques entre les deux pays. L’intérêt pour cette route n’est donc pas qu’économique. Il est aussi d’ordre sécuritaire dès lors que l’axe Kasindi-Beni est souvent utilisé par des combattants ADF en vue de tendre des embuscades contre les véhicules et les motos appartenant aux commerçants.
Le président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, et son homologue ougandais, Yoweri Museveni, ont eu un tête-à-tête d’une heure, mercredi 16 juin à Mpondwe, ville ougandaise (district de Kasese). Ils ont, entre autres, parlé de la situation sécuritaire.
Outre le projet de construction des routes en RDC, M. Museveni a indiqué qu’il est « heureux » qu’il ait « discuté de la question de la sécurité dans la région » avec son homologue congolais.
La rébellion ougandaise d’Allied democratic forces (ADF) présente sur le sol congolais depuis 1995 est accusée des massacres à grande échelle des milliers de civils depuis plus de six ans.
Acculés dans la région de Beni, les combattants ADF se sont dispersés jusqu’en Ituri où ils ont multiplié récemment des attaques contre des civils dans le territoire d’Irumu.
Les enjeux économiques
Trois axes routiers seront construits entre la RDC et l’Ouganda grâce aux accords politiques et techniques signés en mai dernier entre les deux États. Il s’agit des axes : Kasindi-Beni, Beni-Butembo et Bunagana-Rutshuru-Goma pour un coût total estimé à environ 300 millions USD. Les enjeux sont avant tout commerciaux. La RDC devrait s’ouvrir davantage à l’Afrique de l’Est d’où elle importe plusieurs produits manufacturés.
« Les importations viennent de l’océan indien au port kényan de Mombasa et, c’est la route utilisée pour l’intérieur notamment Beni, Goma, Bunia, Kisangani. C’est une route d’une très grande importance pour nous. Ce qui change, c’est le problème de temps, là où on pouvait faire trois, quatre, cinq jours en moins de deux jours on peut partir de Butembo, Beni et atteindre le port de Mombasa, il n’y a pas de communes mesures entre une route à terre bâtie qui est sujette aux caprices du climat par rapport à une route asphaltée », a fait savoir l’ambassadeur de la RDC en Ouganda, Jean Pierre Massala, qui est présent à Mpondwe.
La réhabilitation de ces routes va également aider la RDC à augmenter le taux de ses exportations vers l’Ouganda et l’Afrique de l’Est. Actuellement, l’Ouganda exporte beaucoup vers la RDC. En 2020, par exemple, les exportations ougandaises vers la RDC constituées des produits manufacturés sont estimées à 900 millions USD.
« L’Ouganda exporte pratiquement les matériaux de construction parce qu’ils ont beaucoup d’usines », a, selon la source, indiqué le diplomate congolais en poste à Kampala.
Les exportations congolaises demeurent faibles et informelles notamment à cause de l’insécurité dans les zones frontalières, principalement à Beni. « Nous exportons les produits agricoles, mais il faut que la sécurité soit assurée. Dans les zones comme Beni, Kamango nous avons le cacao, le café, le thé, du bois », a confié l’ambassadeur Jean Pierre Massala.
La RDC s’est érigée en consommateur des produits ougandais. Le projet de construction des routes Kasindi-Beni, Beni-Butembo et Bunagana-Rutshuru-Goma devrait ouvrir à la RDC la voie à l’Afrique de l’Est et à l’océan indien. Le projet devrait aussi préparer l’adhésion de la RDC à la Communauté des pays de l’Afrique de l’Est.
Les travaux seront exécutés par une entreprise indienne basée en Ouganda. Le coût total des travaux est d’environ 300 millions USD. L’entreprise indienne va financer les travaux à hauteur de 60% tandis que l’Ouganda et la RDC vont apporter chacun 20%.
Le Potentiel