C’est depuis le mardi dernier que l’Auditorat général près la Haute cour militaire de Kinshasa a émis un mandat d’arrêt contre le général d’Armée John Numbi Banza Tambo, ancien Inspecteur général de la Police nationale congolaise (PNC) jusqu’à un certain 1er juin 2010, jour du double assassinat des deux défenseurs des droits de l’homme Floribert Chebeya Bahizire dit » Flory « , directeur exécutif de la VSV et son compagnon d’infortune Fidèle Bazana Edadi, le chauffeur-chargé du dispatching-courrier, dans ses locaux.
Il est désormais l’objet d’un mandat d’arrêt du Parquet militaire, à ne pas confondre avec un mandat d’amener qui a valeur de mandat de prise de corps, c’est-à-dire là où on l’arrête, il est immédiatement conduit en détention préventive en prison.
Qu’est ce qui a pu changer pour que cette procédure prenne la vitesse du son contre le général d’Armée John Numbi considéré comme un intouchable jusqu’hier ? C’est le changement de régime à Kinshasa où le Pouvoir-Tshisekedi vient de réussir un coup de force en raflant à Joseph Kabila, toutes les manettes du pouvoir d’Etat.
Sur le plan du droit, l’Auditorat général près la Haute cour militaire at adressé une convocation au général 4 étoiles, John Numbi, depuis sa ferme de la ville de Lubumbashi pour qu’il se présente à son office à Kinshasa, le 17 mars en cours.
Mais John Numbi ne s’est pas exécuté. Le lendemain, les agents du T-2 » Renseignements militaires » de la garnison de la ville de Lubumbashi requis par l’Auditeur général près la Haute cour militaire sont allés à la ferme de John Numbi pour savoir pourquoi il n’a pas obtempéré à la convocation du Parquet militaire. C’est là qu’ils ne trouveront que le garde du corps de John Numbi et constateront sa fuite.
Le T-2 a par ailleurs incarcéré dans ses locaux le garde du corps de John Numbi du fait qu’il a en sa possession deux cartes, une militaire et une autre carte civile qui est la carte d’électeur, alors que les militaires n’étaient pas enrôlés car les militaires tout comme les policiers ne votent pas. On ne peut avoir deux cartes, militaire et civile, c’est pour cette infraction qu’il est poursuivi.
Quant à John Numbi, des sources indiquent qu’il s’est réfugié au Zimbabwe et on a entendu que Kinshasa va faire une demande d’extradition aux autorités d’Harare pour que le fugitif soit ramené en RDC où il doit venir s’expliquer devant son Juge sur ce qui lui est reproché et présenter ses moyens de défense.
A la convocation de l’Auditeur général près la Haute cour militaire, on s’attendait à ce que John Numbi Banza Tambo, général 4 étoiles, vienne courageusement affronter la Justice plutôt que prendre la poudre d’escampette. Ce qui aggrave, sa situation, comme si lui-même se condamnait à l’avance.
Des ONGD exigent l’extradition immédiate de John Numbi Banza Tambo, qu’elles considèrent comme le commanditaire du double-assassinat de Chebeya Bahizire et Bazana Edadi. Son carré s’était plus resserré par les aveux faits par les deux policiers qui ont pris part au double-assassinat qui sont réfugiés à l’étranger et qui le présentent comme le donneur d’ordre. C’est le major Christian Kengakenga, commandant du Batallon Simba qui a tué Chebeya et Bazana et que c’est son garde du corps Jacques Mugabu qui s’est occupé d’enterrer le corps de Bazana Edadi dans la ferme du général Djadjidja à Mitendi, qui est à ce jour sécurisé par les hommes de la Justice militaire.
Le Pouvoir-Tshisekedi avait d’abord arrêté le major Christian Kengakenga devenu colonel à Lubumbashi et transféré à Kinshasa. Tout récemment, c’est Jacques Mugabu que les deux policiers présentent comme celui qui a enterré le corps de Bazana Edadi dans la ferme du général Djadjidja qui était aussi arrêté à Lubumbashi et transféré à Kinshasa. L’unique pièce du puzzle qui manquait n’est que John Numbi Tambo contre qui l’Auditorat général délivre un mandat d ‘arrêt.
KANDOLO M./Forum des As
