RDC : Force East African, une « alternative stratégique » à la MONUSCO, dans la foulée de la vente et sécurisation des blocs pétroliers et gaziers

L’entrée de la RDC dans l’East African Community (EAC) depuis le 08 avril et devenu effectif le 08 juillet à Arusha en Tanzanie, a eu comme grande décision,  l’envoi d’une force régionale dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l’Ituri et le Haut-Uélé pour concrétiser le processus de Nairobi censé mettre fin à la présence de plus de 100 groupes armés à l’est de la RDC. Une première pour cette organisation sous – régionale vu la célérité avec laquelle elle s’empresse de venir en aide à une nation nouvellement admise à l’organisation.

Confrontée à des multiples rebellions, mutineries et agressions extérieures, la République démocratique du Congo, n’arrive pas à éradiquer ces mouvements armées disséminés dans la partie Est de son pays. Comme pour les projets gaziers dans la province de Cabo Delgado au Mozambique, les blocs pétroliers et gaziers que le gouvernement de la RDC a mis aux enchères devraient être sécurisés.

Deux des autres blocs pétroliers chevauchent le parc national des Virunga, un sanctuaire pour les gorilles de montagne en voie de disparition aux frontières avec le Rwanda et l’Ouganda.Outre 27 blocs pétroliers, les droits d’extraction de gaz méthane de trois blocs du lac Kivu sont mis aussi aux enchères.Ce qui posse les problèmes de securisation des opérations de forage face a la menace des groupes armés et aux groupes terroristes affiliés a l etat islamique. Deux des blocs mis aux enchères près du lac Albert à l’est ont été arraches de l’investisseur israélien Dan Gertler qui était aussi  présent à la cérémonie de jeudi.

La MONUSCO devenue obsolète?

Un an après l’installation de l’AFDL, en 1998, un soulèvement contre le gouvernement de L.D. Kabila a éclaté dans les deux provinces du Kivu. Quelques semaines plus tard, les rebelles avaient occupé une importante partie du pays. L’Angola, la Namibie, le Tchad et le Zimbabwe ont proposé un soutien militaire au Président Kabila, mais les rebelles conservèrent leur emprise sur les provinces orientales. Le Rwanda et l’Ouganda soutenaient le mouvement rebelle, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD).

A la demande du Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), toujours dirigé par L.D. Kabila, le Conseil de sécurité des Nations Unies a envoyé une mission de maintien de la paix, la MONUC, essentiellement composée des militaires (environ 500 observateurs militaires). Par sa résolution 1279 du 30 novembre 1999 autorisant la création et le déploiement  de la MONUC, le Conseil  a demandé un cessez-le-feu général et exigé le retrait des forces étrangères du sol congolais, et exhorté les États impliqués dans le conflit  à ne plus intervenir dans les affaires intérieures de la République démocratique du Congo.

Tenant compte de l’entrée du pays dans la nouvelle ère, le 1er juillet 2010, par la résolution 1925 (2010), le Conseil de sécurité change la MONUC en MONUSCO “Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo” (MONUSCO).

La nouvelle Mission avait été autorisée à utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat, à savoir notamment : garantir la protection des civils, du personnel humanitaire et des défenseurs des droits de l’homme exposés à une menace de violences physiques, et aider le gouvernement de la RDC à stabiliser et à consolider la paix.

Le résultat paraît un échec aux yeux de la population. La MONUSCO est critiquée pour son incapacité à contribuer au rétablissement de la paix dans l’Est de la RDC depuis plus de 20 ans que la force est déployée dans cette région déchirée par les conflits.

Le Gouvernement congolais lassé

Au moins 19 personnes, dont trois soldats de la paix de l’ONU, ont été tuées lors des trois jours de manifestations violentes dans l’est de la RDC contre la présence de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), ont déclaré les autorités.

Cette récente revendication populaire se diffère des autres car elle est l’émanation de certaines personnalités gouvernementales qui se sont exprimées ouvertement pour le départ de la MONUSCO au Congo. Le président du Sénat, Modeste Bahati deuxième personnalité du pays l’avait clairement dit lors d’un meeting populaire le 16 juillet dans la ville de Bukavu. Ce discours qualifié  d’incendiaire par les responsables onusiens n’a jamais été formellement condamné par le gouvernement congolais.

La MONUSCO, malgré les accusations d’inaction à son égard, semble n’est pas prêt d’abandonner la partie Est de la RDC aux futures nouveaux maitres Est Africain.

 

Prise au dépourvu par la puissance de feu des rebelles du M23, la force onusienne en RDC réclame aux pays contributeurs de l’artillerie lourde et des hélicoptères d’attaque.

Cible de manifestations violentes et meurtrières, la mission onusienne en RDC (Monusco) doit aussi composer avec un autre défi sur le plan sécuritaire. Face au mouvement rebelle du M23, ses forces ne sont pas suffisamment équipées. Outre l’artillerie lourde, le siège new-yorkais a demandé à la Monusco d’identifier des pays susceptibles de fournir des hélicoptères d’attaque, ce qui est rare sur le marché actuel. D’autant plus que plusieurs hélicoptères mis à disposition par l’Ukraine sont amenés à être rapatriés.

La mission a même eu des vues sur des appareils utilisés par la force française Barkhane, dont le retrait doit être totalement effectif d’ici à la fin septembre. Cette option semble toutefois très compliquée et peu probable.

EAST African Force, alternative stratégique et sécuritaire

La RDC a lancé jeudi 28 juillet la vente aux enchères des blocs pétroliers et gaziers dont ceux de l’Est du pays. Or la plupart de ces blocs sont exposés par la présence de groupes armés et milices actifs dans les parcs et aires protégées.

Face à cette menace contrastant avec sa volonté de faire partir la MONUSCO présentes dans cette partie du pays, il parait évident que la RDC compte désormais sur la force militaire régionale East African afin non seulement d’éradiquer ces mouvements armés, mais aussi de sécuriser ces blocs pétroliers et gaziers.

Les tiraillements entre la SADC, la Monusco et la East African Community

La Monusco a aussi été conseillée par Washington de solliciter l’armée angolaise, considérée comme l’une des plus efficientes et équipées dans la région. A cela s’ajoute le fait que l’administration de João Lourenço, mandatée par le président de l’Union africaine (UA), le Sénégalais Macky Sall, joue un rôle de médiateur de premier plan pour désamorcer la crise entre Kinshasa et Kigali.

L’Afrique du Sud doit prochainement revenir vers la mission, qui a sollicité son aide pour la livraison d’artillerie lourde. Celle-ci avait été formalisée à l’occasion d’une visite début juillet du commandant de la force de la Monusco, le général brésilien Marcos De Sá Affonso da Costa, qui s’est entretenu avec le général Rudzani Maphwanya, chef d’état-major de la South African National Defence Force (SANDF).

 

Pretoria pourrait être tentée de répondre favorablement aux sollicitations de New York. D’autant que, depuis plusieurs mois, le pouvoir de Cyril Ramaphosa observe avec méfiance les velléités kenyanes en RDC.

RDC violée et toujours convoitée

Tout cet empressement sous régional et international au chevet de la RDC cache à l’évidence un souci, la convoitise et l’exploitation des richesses congolaises à la base de la militarisation à outrance de cette partie Est mais qui ne retrouve toujours pas la paix.

Coco Kabwika

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