Placée à la disposition du ministère public après l’audience du jeudi 25 mars par le tribunal militaire de garnison de Kinshasa Matete pour donner plus de lumière sur les images du meurtre de Rossy Mukedi dans l’enceinte de la Paroisse Saint Benoit de Lemba, la commissaire supérieure adjointe Carine Lokese, qui comparaissait comme témoin de l’événement, a passé le week end dans une cellule de la prison militaire de Ndolo.
Elle devra désormais apporter toute la lumière sur la mort de cet activiste pro-démocratie, tombé le 25 février 2018, comme prévenu et non plus comme témoin. Car, le tribunal qui l’avait mise à la disposition du ministère public avait exigé le maximum d’éclairage sur les termes « sommation » sorti de la bouche de Carine Lokeso, «à l’assaut» entendu de la bouche d’un témoin et les raisons qui empêchaient Major Carine Lokeso d’apporter secours à la victime une fois tombée.
Tout laisse croire que le ministère, qui a transformé ce témoin, commandant escadron, en prévenue n’a pas été satisfait des informations fournies. Cette dernière, qui se trouvait à quelques mètres de la paroisse Saint Benoit, a toujours soutenu n’avoir jamais entendu les détonations des balles qui avaient atteint la victime. Et pourtant, la vidéo projetée lors du procès a démontré que Rossy était tombé au moment où il tentait de refermer la grille de l’Eglise, sûrement pour empêcher l’invasion des éléments criant «à l’assaut».
C’est aussi en ce moment que quatre coups de feu étaient entendus dont certains l’avaient atteint à son côté droit.
Maintenant que la Commissaire Supérieure adjointe sera dès l’audience du jeudi 1er avril sur le banc des accusés, ce dossier examiné devant le tribunal militaire devra se poursuivre devant la Cour militaire. Car le tribunal de militaire de garnison n’est pas compétent pour juger la Commissaire Supérieure adjointe. Elle devra donc être déférée devant son juge naturel.
Quant au brigadier en chef Tokis Nkumbo, il se verra tout naturellement déféré ensemble avec son chef hiérarchique devant la même juridiction. Ce brigadier en chef, qui a toujours clamé son innocence, n’a pas hésité après la projection de la vidéo du meurtre à confirmer tout haut que les propos de la commissaire supérieurs adjointe Lokeso Carine ne reflétaient pas la réalité. Si les éléments venus en intervention avaient des munitions d’exercice, le garde du corps de Carine Lokeso n’allait pas avoir trois chargeurs bien fournis en munitions létales.
Cette déclaration était confirmée par tous les témoins présents. Ce qui a suscité plus de curiosité et d’inquiétude dans le chef des avocats non seulement du prévenu, qui avaient sollicité la mise en liberté provisoire de leur client, mais aussi de la partie civile Rossy Mukendi, qui avaient demandé au tribunal la transformation du témoin Major Carine Lokeso en prévenue.
Avec cette évolution du dossier, il y a lieu de s’interroger sur la véracité des déclarations faites lors de l’audience du lundi 22 mars par certains témoins. Sous le commandement de la Commissaire Supérieure adjointe, Chef d’escadron, Carine Lokeso, certains témoins avaient évoqué les armes létales que détenait le garde du corps de la Major Carine Lokeso.
Selon eux, seul le brigadier en chef, Tokis Nkumbo, était détenteur des munitions létales et avait discrètement quitté la jeep dont il était censé assurer la garde pour aller commettre son crime.
Accusation que ce prévenu a toujours rejetée, en soutenant n’avoir quitté la jeep que lorsqu’il était appelé par son chef d’escadron. A l’en croire, c’est à tort qu’il est présenté comme le meurtrier de Rossy Tshimanga.
Yves Kadima/Le Phare/Congoprofond