La province de l’Ituri, située à l’extrême Nord-est de la RDC, à la frontière avec l’Ouganda et le Soudan du Sud, est en proie aux violences intercommunautaires meurtrières depuis 2014, avec des pics en 2017 et de 2019 à ce jour. Depuis l’instauration de l’état de siège par le Chef de l’Etat en mai 2021, les attaques du groupe armé Codeco (Coopérative pour le développement du Congo), essentiellement composé des membres de la communauté Lendu, se sont accentuées dans le territoire de Djugu contre la population civile (particulièrement les Hema).
Il y a aussi le groupe armé islamique d’origine ougandaise ADF (Alliance des Forces Démocratiques et Alliés) qui, acculé dans le territoire de Beni au Nord-Kivu par les Armées de la RDC et de l’Ouganda, s’est installé dans le territoire d’Irumu au sud de l’Ituri où il multiplie des attaques et des massacres contre des civils.
Au cours d’une conférence de presse tenue récemment à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, un notable de l’Ituri a déclaré qu’il y a deux obstacles majeurs qui empêchent la population iturienne de participer aux efforts de pacification de cette province. Selon Donatien Kanyi Nzia cité par l’ACP, ces deux obstacles sont la communautarisation des conflits et le soutien, de gré ou de force, de la population aux forces négatives.
En sa qualité de notable de l’Ituri, il a expliqué que la communautarisation des conflits est un frein important. Cette communautarisation a un effet amplificateur des conflits parce que l’ennemi n’est plus celui qui a les armes en mains et qui fait du mal, mais l’ennemi devient celui qui est de l’autre communauté, a-t-il indiqué.
Le second obstacle majeur à la pacification de l’Ituri, selon Donatien Kanyi Nzia, c’est le soutien, de gré ou de force, de la population aux groupes armés. Dans les zones où ces hors-la-loi sévissent, la majeure partie de la population leur apporte son soutien. Il a précisé que certains le font contre leur gré parce qu’ils sont obligés.
Il a relevé que cette collusion entre une couche de la population et les forces négatives rend difficile le travail des services de renseignements militaires. Il a fait remarquer que la source de renseignements pour l’Armée dans un contexte de crise sécuritaire, c’est la population.
Donation Kanyi a, à cette occasion, lancé un vibrant appel aux filles et aux fils de l’Ituri pour qu’ils tirent les leçons des évènements malheureux qui ont endeuillé et détruit leur entité entre 1999 et 2003. Il leur a demandé de façonner l’avenir de leur province pour sa pacification, sa stabilisation et son développement dans le but de favoriser le retour d’une paix durable.
Sur le plan militaire, en rapport avec la situation de l’Ituri, M. Kanyi demande au gouvernement de la République de poursuivre ses efforts pour que «les opérations militaires continuent» contre tous les groupes armés réfractaires au processus de paix afin de ne pas permettre à ceux-ci de se réorganiser.
(Tribune Donatien Kanyi Nzia)