RDC « VidiyeGate » /Espionnage industriel :Des « forces puissantes » derrière les vidéos divulguées de Tshimanga

Beaucoup d’éléments portent à croire qu’il y a des forces puissantes derrière les vidéos divulguées de Tshimanga. En partant par la proximité des élections de 2023 et de la lutte d’influence entre la Chine et les Etats-Unis pour acquérir les minerais stratégiques en RDC, beaucoup d’observateurs croient qu’il y a une puissante main noire derrière « le scandale Tshimanga« .

Informé en amont de la publication des enregistrements par Tshimanga, le président Tshisekedi a chargé ses services de sécurité d’élucider cette affaire selon Africa Intelligence .

Les extraits de vidéos rendues publiques par le journal suisse Le Temps et l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) sont embarrassants pour Vidiye Tshimanga Tshipanda. Le conseiller stratégique du président Félix Tshisekedi y est filmé à son insu lors de rendez-vous à Londres avec des faux investisseurs qui s’efforcent de nouer avec lui un pacte corruptif.

« Tous deux feignent d’être des collaborateurs du milliardaire chinois établi à Hong Kong Victor Li Tzar-kuoi, qui a succédé à son père, Li Ka-shing, à la tête de CK Hutchison Holdings, enregistré aux îles Caïmans ».

Ces vidéos viennent étayer la thèse de Amos Hochstein« les Etats-Unis ne parviennent pas à rééquilibrer sa position contre la Chine dans les mines du cuivre et du cobalt a cause de la corruption de l’élite congolaise qui reçoit l’argent de la Chine et ses hommes d’affaires « . Dans ce piège que Tshimanga Vidiye est tombé, les Etats-Unis interpellent Félix Tshisekedi. La corruption au plus haut sommet au Congo bloque la révision des contrats chinois et les réformes attendues.

Tshimanga a lui-même déclaré qu’il soupçonnait que le couple qu’il a rencontré, travaillait pour une société d’espionnage industriel. Ces entreprises ont été actives au Congo dans un contexte de concurrence intense pour l’accès aux richesses minérales du pays. Un documentaire de 2019 de la Douzième chaîne israélienne a montré comment la société d’espionnage industriel Black Cube a pour pratique d’enregistrer secrètement des personnes tout en les faisant croire qu’elles sont des partenaires commerciaux.

Cet espionnage industriel s’intensifie au Congo dans un contexte où les entreprises se disputent des minerais lucratifs tels que le cobalt et le cuivre. Des sociétés de renseignement d’entreprise telles que Black Cube d’Israël auraient organisé des opérations d’infiltration similaires dans le passé.

Corruption et la déception des Etats-Unis

En 2019, les Etats-Unis ont vu  en Félix Tshisekedi l’opportunité de réduire l’influence persistante de Kabila et de la Chine.En prenant le contrôle de Tenke Fungurume, la Chine a consolidé un peu plus ses positions pour devenir le leader incontesté de l’industrie des batteries électriques. C’était le grand dessein de Xi Jinping. La RDC, qui produit plus de 60 % du cobalt utilisé dans le monde, lui a permis de s’imposer dans ce secteur stratégique.Dès 2020, des consultants et des experts rémunérés par le Trésor et le Département d’Etat américain ont été dépêchés à Kinshasa pour passer au crible ces accords chinois et identifier les clauses défavorables à la RDC.

Le président congolais, Félix Tshisekedi, a annoncé en mai 2021 la renégociation de ces contrats, sans livrer plus de détails. En coulisses, il avait pourtant déjà bénéficié du soutien de l’administration de Donald Trump.

Aujourd’hui, l’administration Biden se retrouve déçue par Félix Tshisekedi. Les forces ne se sont pas rééquilibrées au profit des Etats-Unis, dont les groupes miniers brillent toujours autant par leur absence en RDC. Les investisseurs américains restent pusillanimes, craignant les conditions sécuritaires et la persistance de pratiques corruptives jusqu’au plus haut niveau de l’Etat.

« Lorsque Tshisekedi a pris ses fonctions, on s’attendait à ce que les choses soient différentes, mais fondamentalement, Tshisekedi n’est pas différent de son prédécesseur« , a déclaré Christian Géraud Neema Byamungu, rédacteur francophone du China Global South Project, un média qui couvre le secteur minier congolais . « Nous voyons le même comportement, nous voyons à nouveau un régime qui a besoin d’argent, et le seul endroit où vous trouvez de l’argent au Congo, c’est le secteur minier. »

Dans le dossier Tenke Fungurume, la Chine tient toujours le coups. Depuis qu’un administrateur a été nommé en février 2022 par un tribunal congolais pour gérer la mine, la situation sur place a même pris des airs d’imbroglio juridique, CMOC refusant l’autorité de ce dernier sur le site. C’est l’enlisement juridique total  dû à  la corruption.

Amos Hochstein débarque à Kinshasa et interpelle Tshisekedi

C’est ce  qui a poussé Amos Hochstein, le principal conseiller du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken sur les questions de sécurité énergétique, a débarqué à Kinshasa. Hochstein, réputé proche du président Joe Biden, est de ceux qui pensent la nouvelle stratégie des Etats-Unis dans ce domaine dans un contexte de guerre en Ukraine et de la crise énergétique mondiale actuelle.

Les Etats-Unis peuvent simplement renverser la vapeur en RDC pour prendre la totalité des investissements de cobalt, cuivre et du lithium congolais si Félix Tshisekedi met fin à la corruption au sommet de l’Etat congolais par les investisseurs chinois. C’est dans ce contexte que la vidéo de Tshimanga montrant la corruption au sommet de l’Etat congolais a été publiée. Dans leur  échange avec les faux investisseurs, Tshimanga Vidiye a fait référence aux versements  de commissions  sur des comptes dont il dit disposer à Maurice, Hong Kong et l’île de Man. « Je préfère Hong Kong »donc la Chine, a-t-il déclaré.

En échange, il met en avant sa capacité, de par sa fonction et sa relation avec le chef de l’Etat, de faciliter le bon déroulé de l’investissement.

Reste que ce guet-apens intervient alors qu’un probable remaniement du cabinet présidentiel agite le Congo.

La RDC se classe 169ème sur 180 nations de l’indice de perception de la corruption 2021 par l’ONG Transparency International.

Coco Kabwika

 

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