Vente aux enchères : TotalEnergies, BP, Shell, Chevron et ExxonMobil sont très « réticent » aux « projets Bidumbu »

Kinshasa ouvre la voie à l’exploitation pétrolière dans la cuvette centrale congolaise, riche en tourbières

Un appel d’offres de vingt-sept permis pétroliers et trois blocs gaziers a été lancé, jeudi. Des associations dénoncent une « catastrophe climatique » si ces projets se concrétisent.

« Investir en RDC, c’est propulser le pays parmi les grands producteurs de pétrole et de gaz », promet la réclame. Jeudi 28 juillet, la République démocratique du Congo (RDC) a officiellement lancé son nouveau projet de développement : ouvrir en grand les portes du pays aux producteurs d’hydrocarbures, en proposant vingt-sept permis pétroliers et trois permis gaziers à des appels d’offres. Un tournant majeur pour le pays, dont l’activité économique était jusque-là tournée vers l’exploitation des ressources minières. Un cauchemar pour les organisations de défense de l’environnement, qui dénoncent la mise à disposition de permis dans des zones environnementales parmi les plus sensibles de la planète.

La RDC souhaite diversifier son économie en s’appuyant, notamment, sur le secteur pétrolier depuis 2015. Entourée de pays producteurs de pétrole importants comme l’Angola ou la République du Congo, la RDC produit à peine 23 000 barils de pétrole par jour, une paille au regard de son potentiel estimé. « Il était temps de nous ressaisir », a asséné le président, Félix Tshisekedi, au cours du lancement des appels d’offres. Stimulées par la hausse des prix du pétrole sur fond de course aux approvisionnements énergétiques dans le contexte de la guerre en Ukraine, les autorités ont d’abord annoncé la mise à disposition de seize blocs en mai, avant de doubler la donne, mi-juillet.

Le gouvernement estime les ressources du pays à 22 milliards de barils de pétrole et 66 milliards de mètres cubes de gaz dans le lac Kivu, frontalier du Rwanda. Des chiffres ambitieux qui « ne valent pas grand-chose » à ce stade, faute d’exploration suffisante, nuance Francis Perrin, directeur de recherche à l’IRIS et spécialiste des questions énergétiques. « Peut-être qu’ils sont vrais. Peut-être qu’ils sont sous-estimés. Peut-être qu’ils sont surestimés. Tout est possible », précise-t-il. Le gouvernement congolais se garde d’ailleurs de parler de « réserves », évoquant des « ressources », un terme plus vague.

Une année d’émissions de CO2

Le projet est vivement critiqué par des organisations de défense de l’environnement. Greenpeace, en particulier, dénonce l’ouverture à l’exploration de zones situées dans les très sensibles tourbières de la cuvette centrale congolaise, les plus importantes au monde. Trente milliards de tonnes de dioxyde de carbone y seraient prises au piège, l’équivalent d’une année d’émissions planétaire de CO2. « Les tourbières sont une bombe à carbone. Si ce projet se concrétise, nous allons observer une catastrophe climatique et nous serons incapables de faire quoi que ce soit », met en garde Irène Wabiwa Betoko, responsable de la campagne pour les forêts du bassin du Congo au sein de Greenpeace Afrique.

« Les tourbières sont une bombe à carbone. Si ce projet se concrétise, nous allons observer une catastrophe climatique et nous serons incapables de faire quoi que ce soit », Irène Wabiwa Betoko, Greenpeace Afrique

Dans un article publié le 21 juillet, des chercheurs de l’université de Leeds, au Royaume-Uni, relèvent que trois permis chevauchent les tourbières sur plus d’un million d’hectares. Ils estiment que l’exploitation de ces forêts marécageuses pourrait relâcher jusqu’à 6 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, plus de 15 % des émissions mondiales de CO2 en 2021. Greenpeace dénonce également l’ouverture de blocs dans le parc des Virunga, dans l’est du pays, refuge des derniers gorilles des montagnes, dont il reste à peine plus d’un millier de spécimens.

Très remonté contre ces critiques, le ministre des hydrocarbures congolais, Didier Budimbu, a fait savoir au cours d’une conférence de presse, le 26 juillet, que le pays n’entendait pas subir le « diktat des ONG ». Le gouvernement estime n’avoir de leçons à recevoir de personne, et surtout pas de la communauté internationale, à laquelle il reproche son silence face à la rébellion du mouvement du 23 mars (M23) qui secoue l’est du pays, accusée par Kinshasa d’être le bras armé du Rwanda. « Le M23 est dans les Virunga. Les rebelles menacent la faune et la flore. Là, on n’a pas vu la communauté internationale. Greenpeace ne sait pas que les bombes détruisent aussi l’environnement ? », a attaqué le ministre.

Accusé de remettre en cause ses engagements climatiques après la signature d’un accord de 500 millions de dollars destiné à protéger les forêts congolaises au cours de la COP26, le gouvernement de la RDC promet de mettre en œuvre « les techniques les plus modernes » afin de préserver l’environnement. « Ce n’est pas impossible, en gardant à l’esprit que l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures seront le fait des compagnies pétrolières étrangères et non du gouvernement. Mais un Etat peut imposer certaines règles du jeu », estime Francis Perrin. « La pollution est inévitable et le transport de ce pétrole va entraîner de la déforestation », s’inquiète, de son côté, Irène Wabiwa Betoko.

Majors du pétrole réticentes

« Nous n’allons pas venir décaper la terre comme des sauvages », a récemment assuré la ministre de l’environnement et du développement durable de la RDC, Eve Bazaiba, tout en s’interrogeant : « Devons-nous continuer à contempler les tourbières pendant que la population doit atteindre les objectifs de développement durables d’ici à 2030 ?  » Brandissant le droit au développement de la RDC, Didier Budimbu a également rappelé que « le président tient à ce que les Congolais sortent de la pauvreté ». Le gouvernement estime que l’exploitation de ses ressources en hydrocarbures pourrait rapporter plus de 640 milliards de dollars au prix actuel du pétrole, un chiffre vertigineux en comparaison des promesses d’aides à la protection des forêts scellées au cours de la COP26.

Cette manne profitera-t-elle réellement à la population ? « La malédiction du pétrole amène la corruption dans un pays comme la RDC. Un tout petit groupe de dignitaires congolais bénéficiera de cette exploitation du pétrole », avertit Irène Wabiwa Betoko. Reste à savoir, surtout, si les investisseurs seront au rendez-vous. Au début des années 2010, un projet controversé dans le parc des Virunga a échaudé TotalEnergies, l’italien Eni et la compagnie indépendante britannique Soco, qui s’est accrochée au projet jusqu’en 2014, avant de jeter, elle aussi, l’éponge, sous la pression internationale.

Si les critères environnementaux sont loin d’être les seuls à peser sur les choix stratégiques des grandes entreprises pétrolières, ils pourraient néanmoins contribuer à les décourager, estime Francis Perrin. S’ajoutent également l’insécurité, qui règne dans plusieurs zones où des blocs sont proposés, et le manque d’infrastructures, qui oblige à un retour sur investissement important afin d’être rentable.

De fait, à ce stade, aucune des grandes compagnies pétrolières ne semble intéressée. TotalEnergies, BP et Shell ont confirmé au Monde qu’elles ne comptaient pas prendre part à l’appel d’offres. BP rappelle s’être engagé, depuis 2020, à ne pas lancer d’exploration dans de nouveaux pays. De la même manière, Chevron, également absent de la RDC, ne devrait pas y participer. Une source bien informée au sein de l’industrie assure enfin qu’ExxonMobil ne souhaite pas non plus entrer dans le jeu. La compagnie est déjà très occupée par une série de gisements découverts au large du Guyana. « Ça ne veut pas dire que cela va dissuader tous les acteurs pétroliers », tempère toutefois Francis Perrin, qui rappelle l’existence d’une multitude de compagnies indépendantes ou étatiques moins exposées à la vindicte que les majors du pétrole.

Mathilde Boussion(Johannesburg, correspondance) et Coralie Pierret(Bukavu, correspondance) pour Le Monde

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One Thought to “Vente aux enchères : TotalEnergies, BP, Shell, Chevron et ExxonMobil sont très « réticent » aux « projets Bidumbu »”

  1. Lucien M. Naki

    LETTRE OUVERTE AUX CONGOLAIS
    PEUPLE CONGOLAIS
    Le respect est pour ceux qui le méritent, pas pour ceux qui l’exigent.
    «La confiance en soi est le premier secret du succès.» Oui, je suis d’accord avec cette citation du philosophe américain Ralf Waldo. Sans la confiance en soi, on ne peut pas atteindre nos buts. C’est le secret de la réussite. La confiance en soi, c’est se connaître et croire en soi, en son potentiel et en ses capacités.
    Nous sommes ce que nous sommes parce que nous avons été ce que nous avons été, et ce qui est nécessaire pour résoudre les problèmes de la vie humaine et des motivations, ce ne sont pas des estimations morales mais plus de connaissances. Le monde est aveugle. Rares sont ceux qui voient cor¬rec¬te¬ment.

    LE CONGO-KINSHASA “ RDC ” NE SAIT PLUS OU IL VA
    Comprendre le passé aide à construire l’avenir.
    L’avenir est conditionné par le présent.
    Pour construire son avenir, il faut nécessairement comprendre son passé.

    L’HÉRITAGE, ENTRE PESANTEUR ET PROJECTION
    « Les vices d’autrefois sont devenus les mœurs d’aujourd’hui » affirme Sénèque dans ses Lettres à Lucilius (64). Le philosophe revenait à un autrefois, à un passé afin de démontrer que le présent se et s’est construit contre le passé, niant ses valeurs en lui préférant ses vices. Il y questionnait, déjà, la notion d’héritage et ainsi la manière dont le passé influence le présent et la construction du futur. Et pourtant, la fracture ici sous-entendue entre aujourd’hui et autrefois n’est pas si forte, l’héritage du passé étant souvent prégnant.

    Cette citation trouve un écho dans nos sociétés contemporaines, en proie à une crise d’identité et des valeurs. C’est tout le sens de la notion même d’héritage, alors que les mœurs actuelles interagissent fortement avec les valeurs héritées du passé. Les débats politiques, souvent stériles, se nourrissent désormais de cette question.
    Congo-Kinshasa: Le marécage ou le Zaïre des années 1990
    « Le pays ne sait plus où il va »
    D’aucuns concluraient sur l’inopportunité d’un tel document à l’heure actuelle. Le régime Mobutu est bien passé il y a aujourd’hui environ plus de deux décennies. Non la réflexion d’Ilunga Kabongo publiée en 1999 est bien actuelle dans la mesure où il nous permet de comprendre que depuis Mobutu jusqu’à ce jour rien n’est fait. Il importe donc de bien analyser ce passé récent si nous voulons construire un Congo fort et émergent au coeur du continent noir, surtout en évitant de rééditer les erreurs qui maintiennent notre pays dans l’état où il se trouve.

    La république démocratique du Congo (RDC) et ses apôtres du mal

    Conscience et liberté définissent l’homme, toujours en mesure d’acquiescer ou de résister à ses impressions, comme nous le dit Rousseau dans le Discours Si nous retranchons, par hypothèses, ce que la société a apporté à l’homme, nous obtenons un état qui n’a probablement jamais existé mais permettant, par abstraction, d’éclairer notre situation présente.sur l’origine de l’inégalité.

    L’ÉTALON DES APOTRES DU MAL CONGOLAIS
    L”Archétype. le Modèle type, la Référence , l’étalon des apôtres congolais du mal est Lambert Mende Omalanga

    MENDE EST UNE CRAPULE
    MENDE est un CRIMINEL , une vraie CRAPULE : Individu sans moralité, capable des pires bassesses; canaille. …

    CONGOLAIS,

    « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute »
    Les gens oublieront ce que vous avez dit, ils oublieront ce que vous avez fait, mais n’oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir. » – Maya Angelou
    En politique peut on se defaire du systeme qui t’a mis en place « Les nations ne meurent pas d’invasion; elles meurent de pourriture interne. » Abraham Lincoln
    Le corbeau et le renard
    la morale de la fable Le corbeau et le renard –
    Le corbeau et le renard : morale … Le courtisé ne vit en définitive que pour ces quelques compliments et fait vivre les courtisans qui vivent à Dans cette fable, le voleur et menteur est le renard, mais c’est bien le corbeau, vaniteux, qui est raillé et le renard qui sort victorieux. Ainsi, La Fontaine montre que la supériorité sociale ne fait pas tout, et critique la vanité humaine.

    PEUPLE CONGOLAIS,

     » Les navires ne coulent pas à cause de l’eau qui les entoure ; les navires coulent à cause de l’eau qui y pénètre.
    Ne laissez pas ce qui se passe autour de vous entrer en vous et vous alourdir.
    “Chers compatriotes, il n’est pas facile de libérer un esclave déjå fort habitué à sa misérable condition. De la même maniėre, il est difficile de pratiquer la démocraticie avec des gens habitués à l’asservissement et à la corruption. C’est ce qui s’observe sur le terrain politique congolais.”
    « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère . »
    Thomas Sankara
    PEUPLE CONGOLAIS,
    “On ne construit pas une nation avec un tas de mensonges.” – Saïd Radjef

    LE CONGO-ZAÏRE (rdc) EST MALADE DE L’ANTISOCIAL (Le comportement antisocial )
    LES CONGOLAIS-ZAÏROIS MALADES DU MENSONGE ET LA TROMPERIE (La fausseté et l’hypocrisie sont le produit de la bassesse, et les fruits naturels du despotisme.)

    « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » et « Selon que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».
    Le Congo-Kinshasa, pays sans État

    Les événements des élections du 30 décembre ont permis au peuple congolais de mieux connaître ses ennemis.
    Ainsi, dorénavant, en RDC, tout le monde sait :
    Qui est qui !
    Qui est avec qui et contre qui !
    Qui fait quoi et pourquoi.
    Ce genre de situation qui constitue le prélude à de grands bouleversements a contribué à mettre à nu l’exacerbation des contradictions de classes de la société congolaise.
    PEUPLE CONGOLAIS,
    « Ayons le courage de dire la vérité et d’effectuer le travail de mémoire »
    Le CONGO « rdc » est Plongé au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe? / Au fond de l’Inconnu pour trouver du NOUVEAU!
    L’UNION SACREE DE TSHILOMBO LA BOUSE  » FATSHI BE »EST UNE POURRITURE,UN MAL ABSOLU..Ensemble des gens qui vivent dans la débauche et la malhonnêteté
    Chassez le naturel, il revient au galop »
    On ne peut pas dissimuler sa véritable nature car elle revient toujours à la surface
    FATSHI LA BOUSE « bouffon national »
    Une taupe? Un cheval de Troie?
    Fatshi la Bouse, Un monstre qui
    se retourne contre son maître “allié”
    Enfanté par Kanambe,Fatshi la Bouse est une Création de Kanambe et son PPRD & FCC (l’accord FCC-CACH), tel un monstre ayant échappé à son docteur Frankenstein, Fatshi la Bouse menace aujourd’hui Kanambe et sa bande, la plupart de ses acolythes et sbires influents sont enfuite, «Nous nous rapprochons certainement du point de basculement», où Fatshi la Bouse avec son Union sucrée pourraient s’emparer de tous les pouvoirs à Kin…une autre dictature en vue
    FATSHI&KANAMBE
    Entre les deux escrocs, Il y a là une véritable malhonnêteté morale, un abus de confiance civique. Le drame dans tout cela est que ce pays vient de passer une vingtaine d’années sans perspective de développement. Vingt années au cours desquelles rien n’a été fait..
    Tant et aussi longtemps que FATSHI LA BOUSE à la solde de KANAMBE et d’autres mafieux”HONORABLES” seront au pouvoir , il sera impossible d’avoir justice en RDC , car ce sont eux qui ont permis autant de corruptions et c’est sous leur gouverne que des “lois bonbons” ont été voté justement pour protéger les crapules et leurs amis et d’autres voleurs , ils appellent ça un état de droits les bouffons , le droit des crapules .

    Floribert Chebeya, de VSV, s’indignait souvent: «Tout ce qui intéresse les gens, c’est le partage du pouvoir et rien d’autre. Pas de projet de société. Aucun souci pour la promotion des libertés fondamentales. Et ça, ça nous inquiète.»
    PEUPLE CONGOLAIS
    “L’honneur appartient à ceux qui jamais ne s’éloignent de la vérité” – Mandela
    La société congolaise est bloquée, l’énergie des fils et des filles du Congo-Kinshasa”RDC” est grippée, leurs horizons sont fermés. Aujourd’hui, le CONGO-KINSHASA « rdc » est au bord du gouffre, incapable de se préparer solidement, c’est-à-dire collectivement, synergiquement et à tous les niveaux, à affronter les crises contemporaines (climatique, sanitaire, économique…). Pourquoi ?
    Un pavé dans la mare…. « Vous pouvez donner des connaissances à une personne, mais vous ne pouvez pas la faire réfléchir. Certaines personnes veulent rester des imbéciles, uniquement parce que la VÉRITÉ exige le CHANGEMENT ! » ~ Tony A. Gaskins Jr.
    « La sincérité fait la noblesse et la dignité de l’homme. C’est pourquoi un homme vraiment adulte préfère être crucifié pour la vérité que de crucifier la vérité ». Joseph Albert Cardinal MALULA
    « Ne craignons pas de leur dire la vérité quand ils sont aveuglés sous l’ivresse du pouvoir».
    Être sincères nous fera sûrement perdre des gens, mais nous permettre de garder nos valeurs
    LUCIEN M. NAKI
    https://www.courrierinternational.com/article/vu-du-burkina-faso-kabila-et-tshisekedi-des-bandits-qui-setripent-pour-rafler-la-mise-en-rdc?fbclid=IwAR0x9Sv5iGGro-rqKYigWEZaAN1ZmX9ZJGWqkhLvYHwxJnhdDJp8ahRHTdg

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