Le pétrolier sud-africain Dig Oil suspecte la présidence de souhaiter gagner du temps à tout prix pour ne pas payer. L’Etat congolais espérerait trouver un compromis via l’attribution de nouveaux permis à la firme.
La République démocratique du Congo n’a toujours pas déboursé le moindre centime malgré sa condamnation fin 2018 par la Chambre de commerce internationale (ICC), à Paris, à payer 619 millions de dollars à Dig Oil. Selon nos sources, les négociateurs de l’Etat à Kinshasa font valoir que le pétrolier sud-africain devra attendre encore deux ans avant d’obtenir une partie de cette somme ou des dédommagements en nature.
Le ministère de la justice à la manœuvre
Le vice-ministre de la justice Bernard Takahishe Ngumbi anime, avec quatre représentants de son ministère, un groupe chargé de la négociation. Il est entouré de deux membres de la présidence : l’un des deux « envoyés spéciaux » du président Félix Tshisekedi, Kinuani Kamitatu Massamba, et l’ambassadeur itinérant Nicolas Kazadi. Viennent ensuite deux spécialistes issus des hydrocarbures, deux autres rattachés au ministère des finances et enfin deux personnes missionnées par celui du budget. Plus étonnant, un expert indépendant complète le tableau en la personne du secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) Augustin Kubaya. Après de nombreux changements, la plupart des acteurs de la négociation côté puissance publique n’ont cette fois-ci pas évolué depuis plusieurs mois.
Dirigé par la sud-africaine Andrea Brown, Dig Oil avait lancé ce processus juridique après avoir attendu près de huit ans un décret présidentiel pour travailler sur trois blocs dans la Cuvette centrale. Le document avait été miraculeusement signé de la main de l’ancien président Joseph Kabila au lendemain de la décision de l’ICC, mais c’était trop tard.
Un contrat balayé
Dig Oil reprochait également au gouvernement d’avoir attribué le bloc 1 du lac Albert à Caprikat et Foxwhelp (fondés par l’homme d’affaires israélien Dan Gertler), alors que la firme disposait pourtant déjà d’un contrat paraphé avec le ministère des hydrocarbures. Afin d’éviter de payer l’amende de l’arbitrage, l’Etat congolais espère trouver un compromis. Il songe ainsi à attribuer de nouveaux permis au pétrolier. Le bloc 1 ferait d’ailleurs partie de l’équation : il est situé juste en face des découvertes géantes de brut de l’autre côté du lac, côté ougandais. Total et CNOOC lancera le développement de cet autre projet au début de l’année 2021.
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