RDC : Le « gros contentieux » du siège de la CENI situé au bout du boulevard du 30 juin

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La Commission électorale nationale indépendante (CENI), qui fait face à de nombreuses difficultés matérielles, est également en délicatesse sur la propriété de son siège dans la capitale congolaise.

Corneille Nangaa Yobeluo, qui préside toujours la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en attendant la nomination de son successeur, a fait début avril une étonnante confidence aux députés congolais. Alors qu’il présentait à l’Assemblée nationale son rapport sur le processus électoral entre 2012 et 2019, Nangaa a révélé l’existence d’un « gros contentieux » à propos du siège de la CENI, un imposant bâtiment situé au bout du boulevard du 30 juin, dans la commune de La Gombe à Kinshasa.

Processus de liquidation non respecté

Le litige en question remonte au début des années 2000. L’édifice était alors la propriété de la Banque congolaise du commerce extérieur (BCCE), une institution financière publique dont les mandataires étaient désignés par la Banque centrale du Congo (BCC). Dans la foulée de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), la BCCE a été placée en liquidation forcée en 2003. Les locaux étant alors inoccupés, l’Etat a choisi d’y installer entre 2004 et 2005 le siège de la Commission électorale, qui venait d’être créée.

Or cette décision faisait fi du processus de liquidation judiciaire de la BCCE, qui a abouti à la mise en vente du bâtiment. Celui-ci a été acquis par une banque congolaise privée, la Trust Merchant Bank (TMB), qui cherche en vain à en récupérer l’usufruit auprès de l’Etat congolais. Les négociations entre les deux parties butent notamment sur des obstacles matériels, la CENI ayant investi dans des serveurs informatiques sensibles, qui sont installés au sein de l’édifice.

Multitude de problèmes

Outre son siège à Kinshasa, Corneille Nangaa Yobeluo a également alerté les députés sur les nombreux arriérés de salaires des agents de la CENI, ainsi que sur les retards de paiement des loyers en province. Plus encore, il a insisté sur l’absence d’entrepôts centraux de la Commission dans la capitale. Ces derniers ont été cédés en 2013 par l’Etat congolais à l’ambassade des Etats-Unis, qui a multiplié à partir de 2016 les mises en demeure afin d’obliger la Commission électorale à quitter les lieux. Pour ajouter à ces difficultés, un incendie d’origine inconnue a consumé une partie du matériel électoral deux jours seulement avant la tenue des élections nationales de décembre 2018.

Faute d’alternative proposée par l’Etat, la CENI est contrainte depuis d’entreposer son matériel à l’air libre sur le tarmac de l’aéroport international de N’Djili. C’est le cas notamment des machines à voter achetées pour environ 170 millions de dollars et qui avaient fait polémique pour leur risque supposé de fraude en 2018. Il en reste 93 593, auxquelles s’ajoutent 4 612 machines nécessitant des réparations. Leur utilisation pour la prochaine échéance électorale prévue en 2023 devrait permettre d’alléger sensiblement la facture pour l’Etat congolais. Dans le discours d’investiture de son gouvernement le 26 avril, l’actuel premier ministre Sama Lukonde Kyenge a promis de constituer des provisions budgétaires annuelles pour pouvoir financer l’élection.

 Africa Intelligence

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