Le Serious Fraud Office du Royaume-Uni a discrètement abandonné deux enquêtes de longue durée sur les sociétés minières Rio Tinto Plc et Eurasian Natural Resources Corp., un autre revers pour une agence qui a passé des années à poursuivre des soupçons de corruption dans le secteur des matières premières.
Concernant ENRC, L’agence a annoncé qu’elle avait clôturé une enquête criminelle d’une décennie contre ENRC en invoquant « des preuves recevables insuffisantes pour engager des poursuites ». L’enquête, l’une des plus longues menées par le procureur, a été embourbée dans des controverses et des allégations d’enquêtes imprudentes contre le SFO. L’enquête s’était concentrée sur des pots-de-vin présumés visant à obtenir des contrats miniers en République démocratique du Congo entre 2009 et 2012.
Dan Gertler et Katumba Mwanke ont t- ils expropriés First Quantum Minerals et ses mines pour les revendre à ENRC? Ce qui a suscité la colère des députés britanniques et les soupçons de corruption et de pots-de-vin versés aux autorités congolaises sous le régime Kabila.
Gertler avait utilisé ses relations avec le président de la RDC de l’époque Joseph Kabila et le défunt conseiller de Kabila, Augustin Katumba Mwanke, pour mettre la main sur des projets miniers de First Quantum Minerals pour ensuite les revendre avec un grand profit.
First Quantum était l’un des plus grands investisseurs étrangers au Congo jusqu’à ce que ses projets de Kolwezi, Frontier et Lonshi lui ont été tous expropriés par le gouvernement Kabila en 2009 et 2010 dans des circonstances mystérieuses par Dan Gertler
L’acquisition rapide par la société d’actifs miniers substantiels en RDC avait incité les militants anti-corruption et les députés britanniques à s’intéresser de près à la dépendance de la société minière du FTSE 100 à l’égard de sociétés écrans offshore dans le cadre d’opérations qui semblaient avoir généré des bénéfices considérablement gonflés aux intermédiaires au détriment des sociétés et les population locales. En juin 2012, Global Witness avait écrit aux actionnaires d’ENRC exprimant de sérieuses inquiétudes quant aux risques de corruption dans cinq transactions conclues par ENRC avec l’aide de Dan Gertler , alors homme d’affaires israélien et ami proche du président congolais de l’époque, Joseph Kabila.
Le rapport de Global Witness avait déclaré : « Les sociétés écrans offshore associées à Gertler et payées par ENRC sont des entités obscures qui ont été enregistrées dans des juridictions secrètes et n’ont donc pas déclaré la liste complète de leurs bénéficiaires. Global Witness estime que ces structures offshore pourraient permettre la corruption « .
Des documents ont rapporté que Dan Gertler, l’intermédiaire controversé, avait reçu et payé des millions de dollars de pots de vin au nom de la Corporation des Ressources Naturelles Eurasienne (Eurasian Natural Resources Corporation, ENRC) en République Démocratique du Congo (RDC). Depuis 2011, Global Witness avait régulièrement mis en question la légitimité des tractations menées par Gertler au nom d’ENRC.
ENRC avait acquis des participations dans des concessions minières de Gertler à des prix qui semblent avoir valu aux sociétés offshore israéliennes des profits importants – et rapides. Les achats du groupe FTSE 100 ont également été critiqués pour être à des niveaux nettement inférieurs à la véritable valeur marchande, ce qui signifie que l’entreprise et son partenaire auraient pu en tirer profit aux dépens de la population congolaise .
Le Bureau des Fraudes Graves (Serious Fraud Office, SFO) du Royaume Uni avait donc enquêté sur l’ENRC depuis près de dix ans.
Les paiements à et par l’intermédiaire de Gertler avaient intéressé particulièrement les enquêteurs . A propos d’un montant de 165 millions de dollars sur un prêt de 400 millions de dollars à Camrose, la compagnie de Gertler.
Un autre paiement de 35 millions de dollars, non comptabilisé, avait mérité une attention particulière. Après avoir demandé des explications aux cadres de l’ENRC quant à ce paiement, Dechert avait conclu que « il y avait des motifs raisonnables de penser que le but véritable du paiement de 35 millions de dollars, qui provenait du siège de l’ENRC à Londres, était de permettre à M. Gertler de verser des pots de vin à de hauts fonctionnaires de la RDC… et que l’ENRC était potentiellement responsable pénalement pour ce motif. » Le document indiquait que c’était la banque suisse Compagnie Bancaire Helvétique (CBH) qui a servi à verser des « pots de vin » avec ces 35 millions de dollars.
Depuis que le SFO a lancé son enquête criminelle contre ENRC, la société minière kazakhe a engagé au moins 16 procédures judiciaires aux États-Unis et au Royaume-Uni contre des avocats, des enquêteurs, des entrepreneurs, des journalistes, un ancien responsable du SFO et le SFO lui-même, selon un militant anti-corruption. Pleins feux sur la corruption.
« ENRC est heureux que le SFO ait finalement clôturé son enquête et que le SFO ne prenne aucune autre mesure concernant cette affaire », a déclaré un porte-parole.
Coco Kabwika