Le conseil des ministres du 10 janvier dernier a été l’occasion d’une violente passe d’armes autour de l’affaire Gécamines/Dan Gertler entre Félix Tshisekedi et les associés de son partenaire de coalition et prédécesseur Joseph Kabila.
L’enquête que mène tambour battant le parquet de Kinshasa sur les 128 millions € prêtés par la société Fleurette Mumi à la société nationale minière Gécamines inquiète le Front commun pour le Congo (FCC), le parti de l’ex-président Joseph Kabila, désormais partenaire du gouvernement de Félix Tshisekedi. Incontournable dans les mines et le pétrole durant les deux mandats de Kabila, l’homme d’affaires israélien Dan Gertler est très proche de l’ex-président et de sa famille.
Latentes depuis la plainte, cet été, de Gertler contre la Gécamines, les tensions entre les deux partenaires ont éclaté lors du conseil des ministres du 10 janvier dernier. Membre du FCC, le vice-premier ministre en charge de la justice Tunda Ya Kasende a demandé, lors de ce conseil, que la Gécamines soit déchargée du dossier et qu’une task force ministérielle soit chargée de régler l’affaire. Le président Félix Tshisekedi s’est opposé à cette solution et a insisté pour laisser le parquet de Kinshasa enquêter jusqu’au bout sur le prêt et les conditions auxquelles il a été accordé. Le président de la Gécamines, Albert Yuma, est un fidèle de Kabila que Tshisekedi avait déjà tenté d’affaiblir en mai en nommant un directeur général adjoint.
A peine rejetée, la proposition d’une « task force Gertler » a été réintroduite par Azarias Ruberwa, le ministre de la décentralisation, lui aussi membre du FCC, pour se voir une nouvelle fois repoussée par Tshisekedi, qui a mis fin aux débats avec humeur. Outre la volonté de ne pas épargner son partenaire, Félix Tshisekedi sait qu’il ne signera jamais avec le Fonds monétaire international (FMI) tant que les dossiers de l’ère Yuma à la Gécamines ne sont pas apurés, et singulièrement ceux impliquant Dan Gertler. Depuis le mois de décembre, les tensions entre le FCC et le Cap pour le changement (CACH) de Tshisekedi se sont multipliées.
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