Deux hommes d’affaires libanais sous sanctions américaines pour avoir prétendument soutenu le Hezbollah sont apparus dans les Pandora Papers, ce qui soulève la question la plus complexe et la plus ambiguë : celle liée aux finances du Hezbollah.
Le nom d’Assi figure dans les Pandora Papers, qui ont révélé une mine d’informations sur ses secrets offshore. Il apparaît comme l’unique bénéficiaire de Veriolia Holdings Ltd.
« Le Hezbollah continue d’utiliser des entreprises apparemment légitimes comme sociétés écrans pour lever et blanchir des fonds dans des pays comme la RDC, où il peut recourir à la corruption et à des relations politiques pour garantir un accès injuste au marché et échapper aux impôts « , a déclaré Steven T. Mnuchin.
Félix Tshisekedi a demandé à la Banque centrale du Congo (BCC) de geler à titre conservatoire les comptes de l’homme d’affaires Saleh ASSI et de ses entreprises, ainsi que toutes les transactions à partir de ses comptes.
Assi est propriétaire et administrateur de Minocongo, qui a été créé en 1994. Entre 2010 et 2016, Tabaja a envoyé des dizaines de millions de dollars de transferts d’argent vers le Minocongo.
En plus, Assi est propriétaire et directeur général de Pain Victoire, une entreprise de fabrication de pain. Assi possède également Trans Gazelle.
Saleh ASSI a créé de nouvelles sociétés dans la capitale congolaise. Kinshasa One SARLU, Baraka Trading Sarlu, Super Nourriture Sarlu, Newlook Sarlu, Pain de Ville, spécialisée dans la vente d’aliments variés. Ses activités commerciales passent par MIKADO, une autre société créée en Turquie à cet effet.
Saleh ASSI utilise divers noms congolais et libanais comme propriétaires de ses plusieurs sociétés créées dans le but de servir de canaux pour poursuivre ses activités commerciales sans se faire remarquer par le trésor américain. Ces sociétés ont obtenu leurs licences via Afriland, Access Bank, United Bank of Africa et Equity Bank. Malgré le fait que ces banques soient très conscientes des sanctions imposées à Assi, sachant également que l’argent transféré via leurs différentes banques provient d’entreprises sous la même sanction, elles continuent de faciliter les transactions de Saleh ASSI.
J. MARR (Seadfoods) basé à Londres, AMEROPA basée en Suisse AG et NAMSOV Fishing Enterprise Pty Ltd basée en Namibie, Tunacor Fishery Limited et Micar basée à Portland sont les fournisseurs des différentes sociétés exploitées sous des propriétaires différents par Saleh ASSI.
Les banques craignent les remboursements des créances vues les sanctions américaines
L’homme d’affaires libanais, qui dispose également de la nationalité française – possède un appartement sur la très chic avenue Bosquet dans le 7e arrondissement de Paris -, aurait poursuivi aussi ses activités via d’autres sociétés appartenant à des proches. Pain de ville, une entreprise réputée appartenir à des parents de Saleh Assi. Cette dernière avait ouvert peu après les sanctions américaines un compte au sein de la banque nigériane Access Bank, qui aurait été alimenté en l’espace de quelques jours de plusieurs millions de dollars.
Depuis le placement sous sanctions américaines du franco-libanais Saleh Ali , trois institutions bancaires (Sofibanque, , la Fransabank et la Banque libano-française – BLF) craignent que les prêts octroyés à l’une des sociétés de cet homme d’affaires très actif à Kinshasa ne leur soient jamais remboursés.
Sa boulangerie industrielle Pain Victoire, est redevable envers ses créanciers d’un peu plus de 60 millions de dollars. Sa société Mino Congo, qui est spécialisée dans la meunerie et la production de produits avicoles en RDC, doit rembourser 43 millions de dollars de prêts à la Banque libano-française, entre 10 et 13 millions de dollars à la Fransabank et environ 10 millions de dollars à la Sofibanque.
Réactions de Saleh Assi sur les révélations de Pandora Papers
« Si vous voulez tuer quelqu’un, répandez une rumeur à son sujet. »Selon Assi, il est « politiquement ciblé ».
Dans son entretien avec Daraj, Assi a nié tout lien avec les documents divulgués. Cependant, il n’a pas nié avoir créé des sociétés offshore « pour échapper aux impôts ».
Assi nie catégoriquement toutes les accusations de blanchiment d’argent pour le Hezbollah et tente de lever les sanctions qui lui sont imposées, une procédure extrêmement compliquée aux États-Unis. Il se plaint que les sanctions ont causé de nombreux obstacles pour lui et sa famille.
« C’est de la calomnie« , a-t-il déclaré. « Je veux prouver mon innocence. Même mon fils ne peut pas ouvrir un compte bancaire, à cause des sanctions »
Toujours dans son entretien avec Daraj avec la journaliste libanais Diana Moukalled, Assi a admis son amitié et sa connaissance de Korkmaz, mais a nié avoir essayé d’utiliser la Turquie comme une arène alternative pour faire des affaires. Plusieurs médias turcs ont cependant publié des documents prouvant les partenariats d’Assi en Turquie.
Coco Kabwika