Sous la houlette du président de son conseil d’administration, l’inamovible Albert Yuma Mulimbi, l’entreprise publique a passé en novembre 2018 un contrat d’amodiation avec Evelyne Investissement, une société créée en février de la même année par l’entrepreneur français âgé de 38 ans Elie Yohann Berros.
L’Inspection générale des finances (IGF), dont le directeur Jules Alingete Key répond directement au président congolais Félix Tshisekedi, mène l’enquête sur un contrat jugé suspect entre la Gécamines et une entreprise créée par le Français Elie Yohann Berros.
Lancée dans une vaste enquête sur la gestion de la Gécamines, l’Inspection générale des finances (IGF) de RDC s’intéresse de près aux conditions du contrat d’amodiation passé en 2018 entre l’entreprise publique congolaise et la société Evelyne Investissement. Une analyse préliminaire de ce dossier a été confiée à un expert du domaine minier, qui a présenté tout début septembre ses premières conclusions aux limiers de l’IGF, dirigés par Jules Alingete Key.
Des liens avec Dan Gertler ?
Sous la houlette du président de son conseil d’administration, l’inamovible Albert Yuma Mulimbi, l’entreprise publique a passé en novembre 2018 un contrat d’amodiation avec Evelyne Investissement, une société créée en février de la même année par l’entrepreneur français âgé de 38 ans Elie Yohann Berros. Si ce dernier s’en défend, il est présenté comme potentiellement lié au milliardaire israélien sous sanctions des Etats-Unis Dan Gertler, réputé intime de l’ex-président Joseph Kabila et régulièrement cité dans les rapports des ONG pour son rôle controversé en RDC.
D’après ce contrat, la Gécamines met à la disposition de son partenaire, alors totalement inconnu dans le secteur de l’extraction minière selon les experts sollicités par l’IGF, une série de droits pour des déchets miniers dans cinq carrés. Il s’agit plus précisément de ceux de Mupine Sud, Mupine Nord, Dikuluwe Sud, Dikuluwe Nord et Potopoto, qui présentent la particularité de se chevaucher avec des permis contrôlés par Glencore, Ivanhoe Mines et la Sicomines.
Ces résidus miniers présentent sur le papier des réserves importantes, qui sont estimées à plus de 2,5 millions de tonnes de cuivre et près de 230 000 tonnes de cobalt – soit une valeur évaluée entre 18 et 30 milliards de dollars. En échange de ces droits, la Gécamines a reçu un paiement initial de 10 millions de dollars, auquel doit s’ajouter une redevance annuelle de 2,5 % sur le chiffre d’affaires réalisé par Evelyne Investissement. Quant au bonus à la signature, celui-ci pourrait s’élever à 470 millions de dollars.
Stratagème financier habituel
Or, comme l’a révélé Bloomberg en février dernier, Evelyne Investissement a cédé avec l’accord de la Gécamines 51 % de son capital social en novembre 2018 pour 50 millions de dollars au géant minier kazakh Eurasian Resources Group (ERG). Si l’on soustrait les 10 millions déjà versés à la Gécamines, cela représente potentiellement une plus-value de 40 millions de dollars pour Evelyne Investissement.
Dans son mémo adressé à l’IGF, l’expert note « qu’il est profondément préoccupant qu’ERG n’ait pas acheté cet actif directement auprès de la Gécamines, mais semble plutôt l’avoir acquis auprès d’Evelyne, une société inexistante au Congo avant 2018, tout comme le représentant de la société ». Le stratagème employé rappelle par ailleurs celui utilisé par Dan Gertler pour obtenir des droits miniers auprès de la Gécamines, avant de les revendre au plus offrant. C’est le cas notamment de l’affaire lié au fonds Och-Ziff qui impliquait également ERG. Un autre contrat entre la Gécamines et Dan Gertler a, lui aussi, fait l’objet de récentes polémiques, celui lié à la société de l’homme d’affaires israélien Ventora .
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